Cryptomonnaies au Maghreb : ce pays prend le contre-pied de son voisin

Alors que les monnaies numériques prennent une place croissante dans les échanges mondiaux, les pays du Maghreb adoptent des politiques divergentes pour y faire face. L’Algérie et le Maroc, deux voisins aux priorités économiques différentes, illustrent cette opposition dans la gestion des crypto-actifs.

En Algérie, les autorités ont récemment renforcé leur position. Une réglementation récente interdit désormais toute opération liée aux cryptomonnaies, qu’il s’agisse de détention, d’échange ou d’utilisation. Cette décision vient confirmer une ligne dure, adoptée depuis plusieurs années, face à des actifs jugés risqués et difficilement contrôlables.

À l’inverse, le Maroc semble évoluer vers un encadrement plus souple. Après une première phase d’interdiction instaurée en 2017, Rabat a entamé depuis 2024 une réforme visant à poser un cadre légal clair. L’objectif est de réguler les flux numériques plutôt que de les repousser complètement. Cette approche s’appuie sur le constat que l’usage des cryptomonnaies, même interdit, persiste de manière souterraine dans de nombreux pays.

Comme le souligne Maghreb Emergent, cette situation pose un dilemme classique : faut-il interdire pour mieux protéger ou encadrer pour mieux contrôler ? L’expérience montre que la simple interdiction ne suffit pas à freiner l’essor des monnaies virtuelles. En Algérie, malgré les restrictions, des transactions continuent via des réseaux privés et des outils de contournement.

Pour les autorités marocaines, la réglementation permettrait d’anticiper les risques liés au blanchiment, à la fraude ou à la volatilité, tout en offrant un espace sécurisé pour les acteurs économiques qui souhaitent utiliser ces outils. Cette stratégie mise sur la transparence plutôt que sur la répression.

Chaque pays avance donc selon ses priorités internes. En Algérie, le choix de la fermeture reflète une prudence face à l’instabilité financière potentielle. Au Maroc, l’ouverture progressive vise à accompagner une demande croissante, tout en gardant un contrôle institutionnel sur les flux. L’avenir dira quelle approche sera la plus adaptée. Mais ce contraste illustre bien la diversité des réponses que suscite l’essor rapide des technologies financières au Maghreb. Entre rigueur et ouverture, les États doivent encore trouver leur propre équilibre dans un domaine en constante évolution.

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