Délestage au Nigeria : Dangote accuse !

Dans de nombreuses régions d’Afrique, les interruptions de courant font partie du quotidien. Qu’il s’agisse de zones urbaines densément peuplées ou de communautés rurales isolées, les coupures d’électricité pèsent lourdement sur les activités économiques, la qualité des services publics et la vie des citoyens. Cette instabilité, souvent attribuée à des réseaux vétustes, à une mauvaise gestion ou à des investissements insuffisants, constitue un frein durable à l’industrialisation. Le Nigeria, géant démographique et économique, n’échappe pas à cette situation paradoxale. Malgré son potentiel énergétique colossal, il reste englué dans une sous-performance chronique. Et pour Aliko Dangote, cette situation est loin d’être une fatalité.

Un géant énergétique… sous perfusion

Lors d’une visite récente de sa raffinerie industrielle à Lagos, Aliko Dangote a exprimé son indignation face à la faible capacité électrique du pays. Il juge incohérent qu’un État de plus de 200 millions d’habitants soit limité à une production oscillant autour de 5 000 mégawatts, un chiffre à peine suffisant pour alimenter une métropole. « Le Nigeria ne devrait pas produire seulement trois fois ce que nous faisons », a-t-il lancé, soulignant le fossé entre les besoins nationaux et la réalité énergétique. Pour montrer l’ampleur du problème, il prend l’exemple de son propre groupe industriel, qui génère à lui seul plus de 1 500 mégawatts pour ses besoins internes. Cette performance privée contraste avec les résultats du système national, donnant à voir un déséquilibre saisissant.

Selon lui, un pays comme le Nigeria, avec son poids économique et ses ambitions de développement, devrait atteindre un seuil de production au moins dix fois supérieur. Ce décalage traduit à ses yeux une déconnexion entre les capacités réelles et les priorités affichées par les autorités.

Des milliards évaporés, des infrastructures négligées

Mais le problème n’est pas seulement technique. Dangote met en cause des pratiques financières opaques qui, selon lui, sabotent toute tentative sérieuse de redressement. Il évoque des sommes colossales détournées et placées hors du pays, des fonds publics qui auraient pu financer des barrages, moderniser les réseaux de distribution ou construire de nouvelles centrales. Cette fuite de capitaux assèche les moyens d’investissement et empêche toute transformation structurelle du secteur.

Dans un pays où les besoins énergétiques augmentent au rythme d’une croissance urbaine effrénée, l’absence d’investissement massif dans la production et la distribution constitue un gouffre stratégique. Et le constat de l’industriel est limpide : les solutions existent, mais elles se heurtent à des obstacles politiques et économiques entretenus par une culture de détournement.

Le modèle Dangote : une démonstration par la preuve

Le complexe industriel de Dangote apparaît comme une anomalie productive dans un contexte marqué par l’improvisation et la pénurie. Avec une capacité autonome qui dépasse celle de nombreux pays africains, cette installation montre qu’il est possible de concevoir et de gérer des systèmes énergétiques fiables et puissants sur le sol nigérian. Elle démontre qu’une planification sérieuse, une maîtrise technologique et un engagement financier clair permettent de contourner les limites imposées par la défaillance de l’État.

Ce contraste entre le secteur public et l’initiative privée n’est pas simplement technique : il remet en question les choix de gouvernance et le sens des priorités. En dénonçant ouvertement la faiblesse du réseau national, Dangote ne se contente pas de critiquer. Il lance un signal : l’heure n’est plus aux discours, mais à l’action. Et cette action passe d’abord par une réappropriation des ressources financières, afin que l’énergie cesse d’être un luxe réservé à quelques-uns et devienne enfin un levier de transformation pour tous.

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