Pilier de la souveraineté, l’armée constitue le dernier rempart d’un État face aux menaces extérieures. Si sa mission reste fondamentalement défensive, son organisation évolue en fonction des équilibres géopolitiques. C’est dans cette optique que le Danemark a décidé de revoir l’un des fondements de son dispositif militaire : l’accès au service obligatoire. À partir du 1er juillet 2025, les femmes danoises âgées d’au moins 18 ans pourront être appelées, au même titre que les hommes, à suivre une formation militaire de base.
Cette réforme marque un tournant historique. Jusque-là , les femmes pouvaient rejoindre l’armée sur une base volontaire. Désormais, l’égalité de traitement s’appliquera aussi dans le devoir de défendre la nation. Pour les autorités, cette décision n’a rien d’un symbole. Il s’agit d’un choix stratégique, dicté à la fois par les tensions croissantes avec la Russie depuis l’offensive en Ukraine et par la nécessité de renforcer les effectifs disponibles. À terme, le Danemark vise la formation de 6 000 conscrits chaque année d’ici 2033, soit une hausse de 40 % par rapport à aujourd’hui.
Un engagement collectif face à l’incertitude
Le gouvernement danois entend adapter son modèle militaire à cette nouvelle donne. Avec une armée professionnelle qui ne compte que 9 000 soldats pour 6 millions d’habitants, le pays veut élargir sa base de formation et mobiliser davantage de citoyens. La conscription devient ainsi un levier pour consolider une réserve apte à répondre rapidement à une crise. Cette démarche n’est pas isolée : plusieurs États européens revoient actuellement leurs doctrines militaires, ravivant des mécanismes longtemps perçus comme appartenant au passé.
Quand l’égalité devient un outil de défense
L’introduction des femmes dans le service militaire obligatoire ne relève pas uniquement d’une logique numérique. Elle traduit aussi une volonté politique d’aligner les responsabilités sur les droits. Pour les responsables danois, il est devenu difficile de justifier que les femmes soient exclues d’un devoir que la situation géopolitique rend crucial. Ce choix est porté par une conviction : dans un contexte où l’agression peut frapper à tout moment, la protection du pays est l’affaire de tous.
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