Ouagadougou a accueilli cette semaine une importante délégation égyptienne menée par le nouveau ministre des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, porteur d’un message officiel du président Abdel Fattah El-Sisi destiné à son homologue burkinabè, Ibrahim Traoré. Cette initiative s’inscrit dans une volonté affirmée du Caire d’approfondir ses liens diplomatiques et économiques avec les pays d’Afrique de l’Ouest, dans une perspective panafricaine renforcée.
Une démarche politique et économique conjointe
Le déplacement du chef de la diplomatie égyptienne ne s’est pas limité à la transmission de la lettre présidentielle. Il a été accompagné d’une délégation forte d’environ 30 hauts responsables d’entreprises publiques et privées, témoignant de l’importance stratégique accordée par l’Égypte au partenariat avec le Burkina Faso.
Les discussions ont notamment porté sur le renforcement des échanges commerciaux et l’exploration de nouvelles pistes d’investissement dans plusieurs secteurs clés. Selon les éléments communiqués à la presse, le développement des synergies entre acteurs privés des deux pays figure parmi les priorités définies lors de cette visite.
Construction, énergie, agriculture : les secteurs ciblés
La composition de la délégation témoigne d’une approche ciblée : les représentants égyptiens sont issus de domaines jugés stratégiques pour le développement du Burkina Faso, tels que la construction, les énergies renouvelables, l’agriculture, l’industrie pharmaceutique et le textile. L’objectif affiché est de permettre aux entreprises égyptiennes de contribuer concrètement aux projets d’infrastructures et de développement industriel dans le pays hôte.
Ce type de coopération offre au Burkina Faso un accès élargi à des solutions techniques, des financements privés et une expertise régionale dans des secteurs en tension, tout en permettant à l’Égypte d’élargir sa sphère d’influence économique dans la région sahélienne.
Une tournée ouest-africaine à portée panafricaine
Le passage à Ouagadougou s’inscrit dans une tournée diplomatique plus vaste du ministre Abdelatty en Afrique de l’Ouest, comprenant également des étapes au Nigeria, au Niger, au Mali et au Sénégal. Cette initiative régionale s’inscrit dans une dynamique de repositionnement stratégique de l’Égypte en Afrique subsaharienne, amorcée depuis quelques années par le président El-Sisi dans le cadre de sa politique d’ouverture africaine.
Alors que les puissances régionales et mondiales rivalisent pour accroître leur influence sur le continent, l’Égypte semble miser sur une diplomatie économique proactive, alliant présence politique et partenariats sectoriels. Cette approche vise également à renforcer la solidarité africaine face aux défis communs, qu’ils soient sécuritaires, climatiques ou économiques.
Une stratégie d’intégration africaine en pleine mutation
La visite du chef de la diplomatie égyptienne au Burkina Faso illustre la montée en puissance d’une stratégie continentale qui privilégie l’intégration par les projets et les échanges concrets. Elle intervient dans un contexte où plusieurs pays du Sahel réorientent leurs alliances diplomatiques et cherchent à diversifier leurs partenaires économiques. Dans cette nouvelle configuration, Le Caire ambitionne de jouer un rôle de passerelle entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, en s’appuyant sur ses capacités industrielles, ses institutions financières et ses entreprises publiques stratégiques.
Cette dynamique s’inscrit dans la continuité des engagements pris par l’Égypte au sein de l’Union africaine, dont elle a assuré la présidence en 2019, et de son implication dans des initiatives panafricaines telles que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
