LGV au Maghreb : la Chine va accélérer les travaux

Le Maroc, engagé dans une dynamique de transformation rapide, multiplie les projets structurants pour renforcer sa compétitivité face à des puissances économiques émergentes du continent comme le Nigeria, l’Égypte ou l’Afrique du Sud. À l’approche de la coupe du monde 2030, les infrastructures deviennent un levier stratégique. Qu’il s’agisse de ports, de zones industrielles ou de réseaux ferroviaires, chaque chantier vise à consolider le positionnement du pays comme carrefour logistique et économique entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne.

Une mobilisation chinoise ordonnée depuis Pékin

Le groupe China Overseas Engineering Group (Covec), bras opérationnel de Pékin dans les grands travaux internationaux, vient de donner un coup d’accélérateur à ses activités au Maroc. Lors d’une réunion stratégique centrée sur les priorités du troisième trimestre, la direction a exigé la mobilisation de toutes les ressources nécessaires pour exécuter le tronçon numéro 10 de la ligne à grande vitesse marocaine. Ce segment, présenté comme un élément central de l’extension du réseau LGV marocain, cristallise les attentes d’un partenariat sino-marocain appelé à monter en puissance.

Cette décision ne relève pas d’un simple ajustement technique. Elle intervient alors que plusieurs projets de Covec dans ses marchés dits traditionnels sont marqués par des retards. Pour éviter que cette situation ne se reproduise au Maghreb, les dirigeants ont insisté sur le respect strict des engagements pris auprès des autorités marocaines. Il s’agit non seulement de préserver la réputation de l’entreprise en Afrique, mais aussi de sécuriser l’avenir de la coopération chinoise dans le secteur ferroviaire régional.

La LGV, vitrine et levier diplomatique

Le Maroc, déjà pionnier du train à grande vitesse en Afrique avec l’inauguration de la ligne Tanger-Casablanca, cherche à étendre ce réseau vers le sud et l’intérieur du pays. L’objectif est double : fluidifier les déplacements dans les grands axes de développement et afficher un modèle de modernité attractif pour les investisseurs étrangers. Le soutien actif de Covec sur ce nouveau tronçon s’inscrit dans cette logique, avec l’idée de faire de la LGV marocaine une vitrine technologique à l’échelle continentale.

Derrière l’engagement chinois, se joue aussi une rivalité silencieuse avec d’autres acteurs étrangers, notamment européens, historiquement implantés dans les infrastructures marocaines. Pékin, en consolidant sa présence sur un projet aussi symbolique, entend renforcer son influence au Maghreb tout en exportant son savoir-faire à travers des partenariats structurés.

Des implications économiques et géopolitiques immédiates

Le redémarrage intensif des travaux annoncé par Covec pourrait avoir des répercussions rapides sur l’emploi local et la logistique des chantiers. Il envoie aussi un signal politique fort : malgré les difficultés rencontrées ailleurs, la Chine entend respecter ses engagements envers le Maroc. Pour Rabat, cela signifie un allié fiable pour des projets stratégiques, à l’heure où la compétition pour attirer les financements internationaux s’intensifie.

Par ailleurs, la réussite de ce tronçon pourrait ouvrir la voie à de nouveaux contrats similaires dans d’autres pays du Maghreb, voire en Afrique de l’Ouest. Le Maroc, s’il parvient à mener à bien cette extension avec le soutien chinois, renforcerait son image de plateforme ferroviaire continentale. Une perspective qui redéfinit les équilibres de la coopération Afrique–Asie, bien au-delà du simple rail.

Laisser un commentaire