À l’heure où les mobilités modernes redessinent les contours des territoires, le projet de ligne à grande vitesse reliant Marrakech à Kénitra franchit une étape cruciale : le Conseil de la région Casablanca-Settat vient d’approuver sa participation au financement de cette future infrastructure stratégique. Derrière ce vote, c’est tout un maillage d’institutions publiques et privées qui se met en place pour connecter davantage les régions du centre, du nord et du sud du Maroc.
Une dynamique collective pour relier les territoires
L’extension du réseau LGV au Maroc, amorcée avec la ligne Tanger-Kénitra, s’apprête à connaître un nouveau tournant. La future ligne Marrakech–Kénitra ne se contente pas de rallonger les rails : elle vise à rapprocher les pôles économiques du pays, en fluidifiant les déplacements entre Casablanca, Rabat, Kénitra et Marrakech. Cette fois, l’initiative ne repose pas uniquement sur l’État. Aux côtés des ministères concernés, on retrouve les conseils régionaux de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Marrakech-Safi, mais aussi des institutions financières majeures comme Attijariwafa Bank, la Banque Populaire, la CDG, Bank of Africa et Crédit du Maroc.
Ce modèle de financement multipartite évoque un chantier ferroviaire comme un grand puzzle dont chaque pièce est indispensable. À travers ce protocole, les partenaires affichent une volonté commune : renforcer l’interconnexion régionale par un mode de transport à haute capacité, rapide et moins polluant que la voiture ou l’avion. Cette LGV promet non seulement des gains de temps, mais aussi une stimulation des échanges économiques, touristiques et culturels entre les villes desservies.
Une session régionale tournée vers l’action concrète
Le feu vert à ce projet d’envergure n’est pas un acte isolé. Il s’inscrit dans une série d’engagements adoptés lors de la session de juillet du Conseil régional de Casablanca-Settat, présidée par Abdellatif Maâzouz. Aux côtés du Wali Mohamed Mhidia, les élus ont également validé plusieurs autres conventions ambitieuses dans des secteurs essentiels : accès à l’eau, gestion des déchets, agriculture, énergie.
Parmi les projets validés figure la création de canalisations pour transporter de l’eau dessalée produite à Casablanca et Safi, un enjeu vital dans un contexte de stress hydrique croissant. Autre initiative marquante : le développement de centres d’enfouissement et de valorisation des déchets ménagers, assorti d’un programme de réhabilitation des décharges anarchiques pour la période 2025-2034. Ces projets illustrent un ancrage territorial des décisions, où la région prend une part active à la résolution de défis environnementaux et sociaux.
En parallèle, un partenariat inédit a été acté pour établir une plateforme de commercialisation des produits alimentaires, agricoles et halieutiques. Cette infrastructure, à implanter dans la province de Berrechid, veut servir de levier à la valorisation des productions locales, à travers une meilleure organisation des circuits de distribution.
Une nouvelle étape pour la grande vitesse au Maroc
Avec cette approbation, la LGV Marrakech–Kénitra n’est plus un simple projet sur papier. Elle entre dans une phase de structuration où le montage financier devient le socle de sa concrétisation. L’implication directe des régions concernées donne une nouvelle dimension au projet : celui d’un développement pensé à plusieurs échelles, avec une gouvernance partagée entre l’État, les collectivités et le secteur privé.
Cette approche reflète aussi une évolution de la stratégie ferroviaire marocaine. Après avoir démontré la faisabilité technique et la rentabilité de la grande vitesse avec la ligne du nord, le pays mise désormais sur une LGV transversale capable de transformer durablement les flux internes. Marrakech, déjà l’un des principaux moteurs touristiques, pourrait ainsi se retrouver à moins de trois heures de la capitale administrative, avec des répercussions sur l’investissement, l’emploi et l’urbanisme.



