La gestion de l’eau devient de plus en plus cruciale dans un monde où les ressources naturelles sont de plus en plus sollicitées. Le Maroc, situé dans une région du monde particulièrement vulnérable aux phénomènes climatiques extrêmes, se trouve en première ligne face à une crise hydrique qui pourrait se transformer en une urgence nationale d’ici les prochaines décennies. Alors que le pays a toujours été confronté à des sécheresses récurrentes, la situation s’aggrave, avec des projections alarmantes pour les années à venir.
Un climat de plus en plus aride
Les sécheresses au Maroc ne sont pas un phénomène nouveau, mais elles s’intensifient. Selon un rapport du Centre national de mitigation de la sécheresse des États-Unis, le Maroc fait partie des pays les plus durement touchés par cette crise climatique dans le bassin méditerranéen. Les sécheresses y sont devenues plus fréquentes et sévères depuis le début du XXe siècle. D’ici 2050, la situation pourrait atteindre un point de non-retour, avec une réduction importante des précipitations dans des régions stratégiques comme le Haut Atlas, où les prévisions prévoient une baisse des pluies pouvant atteindre 65%. Cette situation pourrait conduire le pays à un niveau de stress hydrique jamais atteint auparavant.
L’impact sur les ressources en eau et l’agriculture
Le Maroc se trouve déjà dans une situation délicate avec un stress hydrique critique, mesuré à 645 m³ d’eau par habitant en 2015. Ce chiffre pourrait chuter à 500 m³ d’ici 2050, un seuil considéré comme un indicateur de pénurie extrême. La diminution du niveau des barrages et des nappes phréatiques a déjà conduit à des restrictions d’eau dans plusieurs régions, affectant gravement l’approvisionnement en eau des populations et des secteurs économiques clés. L’agriculture, secteur vital pour l’économie et l’emploi rural, subit les conséquences les plus graves. Les récoltes céréalières et maraîchères sont particulièrement touchées, ce qui fragilise les revenus des agriculteurs et met en péril la stabilité sociale dans les zones rurales les plus vulnérables.
Les efforts pour moderniser les infrastructures hydrauliques et sensibiliser à la gestion durable de l’eau ne suffisent pas à inverser la tendance. Bien que des projets ambitieux de dessalement de l’eau de mer aient vu le jour, la question reste de savoir si ces initiatives seront suffisantes pour répondre à la demande croissante, notamment dans les grandes agglomérations urbaines.
Des solutions face à une situation critique
Face à cette crise, les autorités marocaines se tournent vers des solutions alternatives comme le dessalement de l’eau de mer. Cette technologie pourrait constituer un espoir pour les régions côtières où l’accès à l’eau potable devient de plus en plus difficile. Néanmoins, le dessalement reste une option coûteuse, tant sur le plan financier qu’environnemental. Le pays devra donc conjuguer plusieurs stratégies, notamment l’amélioration de l’efficacité des systèmes de gestion de l’eau et le développement d’infrastructures résilientes.
La coopération internationale pourrait également jouer un rôle crucial. Le Maroc, en collaboration avec des organisations internationales, pourrait bénéficier d’un soutien technique et financier pour adapter ses infrastructures et mieux gérer cette ressource vitale. Cependant, la véritable question demeure : le pays sera-t-il capable d’inverser la tendance avant que la situation ne devienne irréversible ?



