Depuis plusieurs décennies, Saidal occupe une position centrale dans le paysage pharmaceutique algérien. Créée en 1982, cette entreprise publique a longtemps été le pilier de la production locale de médicaments, avec l’ambition d’assurer l’autonomie du pays en matière de santé. Mais face aux mutations du secteur, à la pression des maladies chroniques comme le cancer, et à la montée en puissance des biotechnologies, Saidal multiplie les partenariats stratégiques pour franchir un nouveau cap.
Un partenariat stratégique dans l’oncologie
La signature récente d’un mémorandum entre Saidal et le laboratoire suisse Roche, l’un des leaders mondiaux de la recherche contre le cancer, marque un tournant dans la dynamique industrielle algérienne. L’objectif affiché : lancer une production locale de traitements biotechnologiques destinés à lutter contre des formes complexes de cancers. Cette initiative ne se limite pas à l’introduction de médicaments sur le marché. Elle prévoit également le transfert de savoir-faire, la montée en compétence des équipes locales et l’intégration de nouvelles technologies dans les unités de production de Saidal.
Derrière ce partenariat, se dessine un projet d’envergure : faire de l’Algérie une référence régionale en matière de thérapies avancées. Le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ouacim Kouidri, mise sur ce type d’alliance pour réduire la dépendance aux importations et renforcer l’autonomie sanitaire du pays. Dans un contexte où les traitements oncologiques figurent parmi les plus coûteux et les plus sollicités, cette coopération pourrait transformer la manière dont les patients accèdent aux soins spécialisés.
Une avancée régionale à fort potentiel
La collaboration entre un acteur public algérien et un géant pharmaceutique suisse pourrait également repositionner l’Algérie dans les circuits de distribution africains et moyen-orientaux. À l’image de la Turquie qui, en dix ans, a su s’imposer comme un fournisseur de traitements biologiques dans son voisinage, Alger entend capitaliser sur ses infrastructures existantes et sur un marché domestique en expansion pour devenir un pôle de référence.
Cet accord ouvre la voie à la fabrication de traitements jusque-là exclusivement importés, souvent avec des délais et des coûts difficiles à supporter pour les patients et les hôpitaux. La perspective d’une chaîne de production implantée localement, sous supervision conjointe algéro-suisse, pourrait atténuer ces contraintes et stimuler l’écosystème pharmaceutique local.
Vers une redéfinition du rôle industriel de l’Algérie dans la santé
Au-delà du volet thérapeutique, cette initiative reflète une volonté plus large des autorités de renforcer l’industrie nationale autour de la biotechnologie, un secteur perçu comme stratégique pour les décennies à venir. Alors que plusieurs pays du Maghreb cherchent à attirer des investissements dans des domaines à forte valeur ajoutée, l’Algérie choisit de miser sur un levier à la fois économique et social : la santé.
En produisant des traitements innovants contre le cancer avec un partenaire international reconnu, Alger ne se contente pas de répondre à un besoin local ; elle envoie un signal fort aux investisseurs et aux industriels de la région. Cette coopération avec Roche pourrait ainsi préfigurer d’autres accords similaires, élargissant le spectre thérapeutique couvert par les producteurs algériens.
Ce nouveau chapitre pour Saidal témoigne d’une volonté de transformation. Là où l’entreprise était autrefois perçue comme un acteur national aux ambitions limitées, elle s’affirme désormais comme un catalyseur de modernisation, capable de porter des projets d’envergure et de répondre aux enjeux sanitaires contemporains. Le défi sera désormais d’assurer la mise en œuvre rapide et efficace de cet accord, pour que ses effets se fassent sentir concrètement chez les patients.


