Mines en Afrique : deux milliardaires américains se lancent

Le sous-sol africain continue d’attirer les convoitises internationales, et désormais, ce sont Bill Gates et Jeff Bezos qui se positionnent sur l’un des gisements les plus convoités du continent. En République démocratique du Congo (RDC), le site minier de Manono, riche en lithium, devient le théâtre d’un nouvel affrontement stratégique entre puissances économiques et intérêts géopolitiques.

Le lithium de Manono au cœur des enjeux mondiaux

Situé dans la province du Tanganyika, au sud-est de la RDC, le gisement de Manono est reconnu pour abriter l’une des plus grandes réserves de lithium non exploitées au monde. Ce métal est aujourd’hui un élément-clé dans la fabrication des batteries pour véhicules électriques, un secteur en pleine expansion à l’échelle mondiale. À mesure que la transition énergétique s’accélère, la course aux matières premières critiques s’intensifie.

C’est dans ce contexte que la société KoBold Metals, soutenue par des investisseurs tels que Bill Gates et Jeff Bezos, a officialisé son entrée sur le projet Manono. La firme américaine, spécialisée dans l’exploration minière assistée par intelligence artificielle, entend s’implanter durablement sur le marché des ressources stratégiques en Afrique.

Une recomposition du projet après tensions

Initialement attribué à l’australienne AVZ Minerals, le permis d’exploitation de la zone dite Roche Dure avait été révoqué en 2023 par les autorités congolaises, invoquant une absence de progrès suffisants. Ce retrait avait alimenté un différend international, notamment face à la montée en puissance du groupe chinois Zijin Mining, déjà actif sur une autre portion du gisement.

L’accord récemment conclu entre KoBold Metals et AVZ prévoit le rachat de la participation de cette dernière. En contrepartie, AVZ devrait être indemnisée, mettant fin à une bataille juridique prolongée. L’objectif est de relancer le développement du site, tout en évitant les blocages administratifs et diplomatiques antérieurs.

L’État congolais, qui souhaite faire de Manono un projet structurant pour l’économie nationale, voit d’un bon œil l’arrivée de KoBold, présenté comme un partenaire technologique et financier de premier plan. Le projet englobe une zone de 1 600 km², pour laquelle des permis d’exploration doivent être déposés avant le 31 juillet 2025.

Un pari stratégique sur fond de rivalités internationales

L’investissement de KoBold Metals s’inscrit dans une volonté plus large de diversifier l’approvisionnement occidental en ressources critiques, souvent dominées par des acteurs asiatiques. Cette tendance reflète un basculement progressif des équilibres géoéconomiques, où les grandes puissances réévaluent leurs partenariats à l’aune des intérêts liés à la transition énergétique.

La RDC, riche en cobalt, cuivre et désormais lithium, occupe une place centrale dans cette reconfiguration. L’arrivée de capitaux américains à Manono intervient dans un climat régional où la souveraineté sur les ressources naturelles est devenue un enjeu politique majeur. Plusieurs voix sur le continent appellent à une gestion plus équilibrée des partenariats miniers, entre besoins de développement local et pressions internationales.

Le projet porté par Gates et Bezos, via KoBold Metals, pourrait ainsi devenir un cas d’école : une tentative de conjuguer innovation technologique, respect des cadres juridiques locaux et objectifs environnementaux globaux. Il ouvre également la voie à une relecture des dynamiques de coopération entre l’Afrique et les grandes puissances économiques mondiales.

Avec Manono, l’Afrique confirme son rôle central dans l’économie verte émergente, et les prochaines étapes du projet pourraient bien redessiner une partie de la carte minière mondiale.

Laisser un commentaire