L’ancien président nigérian Muhammadu Buhari est décédé ce 13 juillet à l’âge de 82 ans, alors qu’il suivait un traitement médical à Londres. Figure centrale de la vie politique du pays pendant plusieurs décennies, il aura marqué à la fois l’histoire militaire et démocratique du Nigeria.
De l’armée à la présidence : un long parcours d’autorité
Originaire de Daura, dans l’État de Katsina, Muhammadu Buhari a d’abord bâti sa réputation au sein de l’armée nigériane, gravissant les échelons jusqu’au grade de major-général. En décembre 1983, il prend le pouvoir à la suite d’un coup d’État contre le président civil Shehu Shagari. Durant cette période de régime militaire (1983–1985), Buhari impose une ligne rigide axée sur la lutte contre l’indiscipline, la corruption et le gaspillage des ressources publiques. Cette politique, surnommée War Against Indiscipline, fut marquée par des mesures strictes et un style de gouvernance autoritaire.
Renversé à son tour en 1985 par un autre putsch mené par le général Ibrahim Babangida, Buhari se retire un temps de la vie publique avant de se tourner vers la politique civile. Candidat à plusieurs reprises à la présidence dans les années 2000, il finit par remporter l’élection de 2015 sous la bannière de l’All Progressives Congress (APC). Cette victoire, face au président sortant Goodluck Jonathan, constitue alors une première dans l’histoire démocratique du pays, aucun opposant n’ayant jamais battu un président en exercice jusque-là.
Deux mandats sous tension sécuritaire et économique
Président de 2015 à 2023, Muhammadu Buhari gouverne dans un contexte instable, confronté à des défis majeurs. Sur le plan sécuritaire, son administration intensifie les opérations militaires contre le groupe Boko Haram et les violences dans le centre et le nord-ouest du pays. Si certaines avancées sont reconnues, la situation sécuritaire reste préoccupante tout au long de ses deux mandats.
Sur le plan économique, le Nigeria connaît deux épisodes de récession, une forte inflation et un chômage persistant. Buhari engage alors une série de réformes, notamment dans les domaines de la lutte contre la corruption et du soutien aux jeunes avec des programmes sociaux comme N-Power. Malgré ses efforts, ses absences fréquentes pour raisons médicales, notamment à Londres, alimentent des critiques internes quant à la gestion du pouvoir.
En 2019, il est réélu pour un second mandat avant de céder la présidence en 2023 à Bola Ahmed Tinubu, autre figure de l’APC. Jusqu’à sa mort, il reste une voix influente dans les cercles politiques conservateurs du Nigeria. Le décès de Muhammadu Buhari met fin à une trajectoire politique marquée par le passage du pouvoir militaire à une gouvernance démocratique.
