À l’écart des projecteurs médiatiques, le Front Polisario a consolidé une nouvelle base d’appui sur le continent africain. À l’issue d’une session ministérielle de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) tenue en Tanzanie et rapportée par le média yabiladi.com, plusieurs pays membres ont exprimé leur appui à un accord de coopération établi en avril avec le mouvement sahraoui. Cette reconnaissance, impulsée par l’Afrique du Sud, la Namibie, le Zimbabwe et le Mozambique, marque une étape politique non négligeable dans la stratégie d’internationalisation du Polisario.
Ces États ont, à cette occasion, souligné leur engagement en faveur de la tenue d’un processus d’autodétermination au Sahara occidental, un dossier longtemps resté sans avancée tangible au sein des enceintes internationales.
Une vitrine africaine pour la cause sahraouie
La visibilité du Front s’est renforcée ce 27 juillet lors d’un rassemblement politique organisé à Johannesburg par le parti au pouvoir en Afrique du Sud, l’ANC. Présent à cette réunion, Mohamed Yeslem Beissat, émissaire du Polisario, a échangé avec plusieurs chefs d’État de la région. Ces discussions bilatérales ont permis de réaffirmer des liens historiques construits sur une solidarité idéologique, partagée depuis l’époque des luttes de libération nationale.
Cette scène sud-africaine a ainsi servi de plateforme diplomatique au mouvement sahraoui, qui tente de compenser l’érosion de certains soutiens sur d’autres continents. Pour les pays impliqués, cet appui est la continuité d’un engagement anticolonial et panafricain, indépendamment des équilibres géostratégiques qui évoluent ailleurs.
Une ligne de fracture au sein du continent africain
Ce soutien renouvelé met en évidence les divergences de fond qui traversent l’Union africaine sur le dossier sahraoui. Tandis que certains États membres revendiquent une posture de neutralité ou privilégient le dialogue avec le Maroc, d’autres, comme ceux de l’Afrique australe, affirment une position plus tranchée, en insistant sur le respect des droits politiques du peuple sahraoui.
La situation actuelle reflète un paysage continental fragmenté, dans lequel les alliances varient selon les intérêts géopolitiques, les partenariats économiques ou encore les héritages historiques. Si la RASD continue de siéger officiellement au sein de l’Union africaine, les équilibres internes de l’organisation restent fragiles face à ce dossier sensible.
Le Sahara occidental au cœur de rivalités renouvelées
En toile de fond, ce regain d’intérêt pour la question sahraouie intervient dans une période sous tension, où les enjeux territoriaux, énergétiques et diplomatiques s’entrecroisent. Alors que le Maghreb reste une zone d’influence stratégique, les prises de position de certains pays d’Afrique australe offrent au Polisario une tribune continentale qu’il cherchait à réactiver.
Même si ces soutiens n’entraînent pas de changement immédiat sur le terrain, ils contribuent à maintenir la question du Sahara occidental sur l’agenda africain, à un moment où le processus politique parrainé par l’ONU demeure dans l’impasse.



