Sanctionné par Trump, ce pays le remercie... Voici pourquoi

La Birmanie, sous le régime militaire depuis le coup d’État de février 2021, a été visée par une série de sanctions américaines en réponse à la répression brutale menée contre les civils et à l’emprisonnement de plusieurs responsables du gouvernement civil renversé, dont Aung San Suu Kyi. Washington, comme une grande partie de la communauté internationale, n’a cessé depuis de dénoncer la légitimité du pouvoir en place et d’exiger un retour à un régime démocratique. Les mesures prises comprenaient notamment le gel d’avoirs, des restrictions de visas et l’exclusion d’accords commerciaux préférentiels.

C’est pourtant à travers une lettre de menace que les relations semblent avoir franchi un cap nouveau. Donald Trump, aujourd’hui président des États-Unis, a récemment adressé une correspondance officielle au chef de la junte birmane, Min Aung Hlaing, annonçant que les importations birmanes seraient soumises à des droits de douane de 40 % à compter du 1er août. Une mesure économique lourde, mais qui, pour le général birman, marque surtout une forme de reconnaissance implicite de la part de l’administration américaine.

Un chef de junte qui voit plus loin que la sanction

La réaction du général Min Aung Hlaing à cette lettre n’a pas été de la colère, ni même de la réprobation. Il y a vu une opportunité de repositionner son régime sur l’échiquier diplomatique. Dans un communiqué publié à la fois en birman et en anglais, le dirigeant militaire a exprimé sa « sincère reconnaissance » envers Trump, saluant son « leadership fort ». Cette réponse, loin d’être anodine, semble conçue pour capitaliser sur le geste américain, aussi hostile soit-il en apparence.

En interprétant la lettre de Trump comme un dialogue officiel, Min Aung Hlaing cherche à sortir de l’isolement diplomatique dans lequel son régime est plongé depuis quatre ans. Il en a profité pour réclamer la levée des sanctions imposées à son pays, tout en établissant un parallèle entre les soupçons de fraude électorale évoqués aux États-Unis lors du scrutin de 2020 et ceux invoqués par les militaires pour justifier leur prise de pouvoir. Une tentative de normalisation qui pourrait passer pour provocatrice, mais qui s’inscrit dans une stratégie bien rodée de légitimation par association.

Un signal diplomatique aux conséquences incertaines

Pour des observateurs comme Richard Horsey, cette correspondance constitue une première : jamais auparavant les États-Unis n’avaient adressé une reconnaissance aussi explicite, même indirecte, à la junte birmane. En politique étrangère, une lettre présidentielle, même de nature coercitive, reste un acte diplomatique significatif. Elle rompt avec l’ignorance formelle qui caractérisait jusqu’ici la posture américaine envers les autorités militaires de Naypyidaw.

Ce geste soulève néanmoins des interrogations. En mettant en avant un parallèle entre les irrégularités électorales américaines de 2020 et celles alléguées en Birmanie, le régime militaire cherche à banaliser son coup d’État aux yeux d’un interlocuteur occidental. Et en répondant avec gratitude à une mesure punitive, il détourne l’attention du contenu de la lettre pour se concentrer sur ce qu’elle représente symboliquement : un canal de communication rétabli avec la première puissance mondiale.

Ce retournement rhétorique pourrait compliquer la position de Washington, en brouillant la cohérence de sa politique extérieure sur les questions de légitimité démocratique. Il met aussi en lumière la manière dont certains régimes utilisent les signaux diplomatiques, même négatifs, pour tenter de redessiner les lignes de leur légitimité à l’international. Un simple tarif douanier peut ainsi, dans certaines circonstances, valoir davantage qu’un silence prolongé.

2 réflexions au sujet de “Sanctionné par Trump, ce pays le remercie... Voici pourquoi”

  1. Pour info, les Russes ont remercié les occidentaux pour leurs sanctions. Grâce à elles, les milliardaires russes ont été obligé de rapatrier leur fortune et d’investir en Russie … ce que Poutine essayait en vain de faire depuis 20 ans

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  2. « un retour à un régime démocratique » MEANS un régime favorable aux USA, comme les égorgeurs modérés en Syrie

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