L’offensive diplomatique menée en juin dernier par le Premier ministre Ousmane Sonko a jeté les bases de plusieurs partenariats stratégiques, notamment dans le secteur de l’énergie. L’une des premières concrétisations vient d’être enregistrée à Pékin, où la Société nationale d’électricité du Sénégal (SENELEC) a formalisé ce lundi 28 juillet la signature de deux contrats avec la société China National Technical Import & Export Corporation (CNTIC) pour la réalisation de deux centrales solaires d’envergure.
Alors que le pays fait face à une demande croissante en électricité, ces projets apparaissent comme une double réponse : écologique et géopolitique. En diversifiant ses sources d’approvisionnement et en intégrant des technologies de stockage, le Sénégal cherche à construire un modèle énergétique résilient et indépendant.
Deux centrales, une ambition : fiabilité et autonomie
Chacune des centrales annoncées affichera une puissance de 50 mégawatts crête (MWc), soit un total de 100 MWc injectés dans le réseau national. S’y ajoutera un dispositif de stockage d’énergie de 30 MW / 90 MWh, capable de conserver l’électricité produite durant les heures de fort ensoleillement pour une redistribution différée. Ce couplage central solaire + batteries permet de lisser la production et de réduire la variabilité naturelle de l’énergie photovoltaïque.
Le contrat repose sur un modèle EPC+F – c’est-à-dire une approche englobant la conception, la fourniture, la construction et le financement. Cette méthode garantit une réalisation intégrée avec un partenaire unique, en l’occurrence CNTIC, évitant ainsi les blocages logistiques souvent associés aux projets multi-acteurs. L’avantage clé de ce montage réside dans sa capacité à accélérer le déploiement sans dépendre des décaissements étatiques immédiats.
Pékin, nouveau levier d’accélération énergétique
Cette signature à Pékin n’est pas un geste isolé. Elle prolonge une dynamique amorcée en juin lorsque Ousmane Sonko s’est entretenu avec plusieurs bailleurs et partenaires techniques autour de la stratégie énergétique nationale. Les discussions avaient alors porté sur des investissements à la fois dans les infrastructures classiques et les solutions renouvelables. Le choix de CNTIC, mastodonte chinois de l’ingénierie énergétique, témoigne d’un alignement pragmatique entre ambitions sénégalaises et capacités asiatiques à livrer des infrastructures complexes dans des délais serrés.
L’intérêt porté par Pékin au secteur énergétique africain n’est pas nouveau, mais le modèle proposé ici tranche avec les schémas de concession classique. Il ne s’agit pas de vendre de l’énergie au Sénégal, mais bien de lui transférer des outils de production contrôlés par SENELEC, réduisant ainsi la dépendance aux opérateurs privés.
Avec ces nouveaux accords, le Sénégal se dote d’une capacité supplémentaire significative, sans endettement direct à court terme et avec une vision claire : faire de l’énergie un levier d’émancipation, pas un poste de fragilité. Le cap est fixé, reste à maintenir la cadence.



