Sénégal : Affaire Juan Branco, question écrite adressée au gouvernement

Presque une année s’est écoulée depuis l’arrestation controversée de Juan Branco, alors avocat de l’actuel premier Ministre Ousmane Sonko, sur le sol sénégalais après une interpellation en Mauritanie. Malgré les relances répétées de la justice espagnole, les autorités sénégalaises n’auraient toujours pas transmis les informations sollicitées concernant les conditions de cette opération transfrontalière, aujourd’hui au cœur d’une crispation diplomatique latente.

Une arrestation marquée par des zones d’ombre

En août 2023, Juan Branco était interpellé à Nouakchott, en Mauritanie, après être entré illégalement sur le territoire sénégalais pour assister juridiquement Ousmane Sonko, alors opposant politique majeur. Accusé de faits qualifiés de criminels par le ministère de la Justice sénégalais, Branco a été rapidement transféré à Dakar. Ce qui trouble depuis lors : les circonstances exactes de cette opération, menée hors cadre judiciaire bilatéral clair, et marquée selon ses déclarations par l’usage de la force et la participation d’agents armés non identifiés.

L’avocat franco-espagnol affirme avoir été menotté, transporté de manière clandestine, et remis aux autorités sénégalaises sans que la justice mauritanienne n’émette de décision formelle. Depuis son expulsion, il multiplie les interventions sur les réseaux sociaux pour dénoncer une affaire opaque, alimentée par le silence persistant des institutions impliquées.

Une commission rogatoire restée sans réponse

Le point de tension aujourd’hui : une commission rogatoire internationale adressée au Sénégal par la justice espagnole. Celle-ci réclame depuis un an les détails officiels de l’arrestation, du transfert et de l’incarcération de son ressortissant. À en croire les documents relayés sur les plateformes numériques, cette demande n’a reçu à ce jour aucune réponse des autorités sénégalaises, malgré plusieurs relances.

Guy Marius Sagna, député et militant, a publiquement interpellé le gouvernement par le biais de douze questions écrites, dont une spécifiquement centrée sur ce manque de coopération judiciaire. Il s’interroge sur les raisons de cette absence de réponse, alors que l’affaire engage directement la responsabilité de l’État dans un acte potentiellement en dehors des cadres diplomatiques classiques.

Ce silence alimente les critiques autour d’un traitement politique du dossier. Pour certains observateurs, le dossier Branco dépasse la simple affaire pénale. Il met en jeu des relations interétatiques sensibles et interroge la transparence des procédures de sécurité appliquées dans des contextes transfrontaliers.

Un silence qui interroge autant qu’il fragilise

Alors que Ousmane Sonko est aujourd’hui Premier ministre, l’affaire revient en boucle dans les sphères militantes et judiciaires. L’opposition et les défenseurs des droits posent une question simple : pourquoi le gouvernement sénégalais n’a-t-il pas encore fourni les éléments requis à la justice espagnole, plus d’un an après les faits ?

Du côté des autorités, aucune communication officielle n’a jusqu’ici clarifié la situation. Pour la justice espagnole, l’attente devient une anomalie. Pour les soutiens de Branco, elle ressemble à un refus délibéré. Pour le gouvernement sénégalais, chaque jour de silence rend la réponse à venir plus délicate.

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