Sénégal : Agenda donné pour les agropoles et autres structures stratégiques

Face aux lenteurs constatées sur plusieurs projets majeurs, le Premier ministre Ousmane Sonko a fixé une série de délais aux ministères concernés afin de rétablir une dynamique d’exécution hier en Conseil des Ministres. Le Bureau Opérationnel de Suivi (BOCS) a été chargé de veiller au bon déroulement des travaux et de s’assurer que toutes les institutions impliquées agissent en synergie. L’objectif est clair : mobiliser rapidement les leviers financiers et administratifs pour éviter une paralysie prolongée des chantiers structurants.

Parmi les priorités immédiates, un rapport détaillé devra être produit au plus tard le 25 août sur l’état des agropoles, notamment ceux du Sud (Ziguinchor, Kolda) et du Centre (Kaolack, Fatick, Kaffrine), déjà en cours d’exécution. Ces pôles agro-industriels concentrent plus de 160 milliards FCFA d’investissement et visent la création de 350 000 emplois directs et indirects. Financé par des partenaires tels que la BAD, la BID, l’Union européenne et ENABEL, le programme commence à prendre forme, mais reste confronté à des défis d’organisation territoriale et de recrutement de partenaires privés.

L’Agropole Nord toujours à l’arrêt

L’Agropole Nord peine à démarrer, malgré un financement partiel acquis auprès de la Banque africaine de développement. La convention complémentaire de 57 milliards FCFA attendue de la Banque islamique de développement n’a pas encore été signée, près d’un an après sa soumission. Ce blocage administratif ralentit tout le processus, dans une région pourtant stratégique pour les filières céréalières et horticoles.

Le gouvernement cherche des solutions de court terme : réarbitrage budgétaire, contractualisation accélérée et redéploiement ciblé des fonds disponibles. Les ministres de l’Agriculture et de l’Industrie devront évaluer les blocages et formuler des propositions concrètes dans les prochaines semaines. Le retard du Nord contraste avec les dynamiques plus avancées dans les autres zones, accentuant les déséquilibres territoriaux que le Programme national des agropoles cherche justement à corriger.

Dessalement, hydroélectricité : accélérer les chantiers essentiels

En parallèle des agropoles, deux infrastructures critiques concentrent l’attention du gouvernement. L’unité de dessalement des Mamelles, essentielle pour garantir l’accès à l’eau potable à Dakar, affiche un taux d’avancement de 78 %. La distribution d’eau a déjà été amorcée dans certains quartiers, mais la livraison finale dépend du bon achèvement des travaux restants. Ce projet doit permettre de produire 100 000 m³ d’eau par jour, ce qui en ferait une source majeure d’alimentation pour la capitale.

Autre point de vigilance : le barrage hydroélectrique de Sambangalou, projet régional sous l’égide de l’OMVG. Avec une puissance attendue de 128 MW, il représente un pilier pour la stabilité énergétique du Sénégal et des pays voisins. Mais les travaux de génie civil sont interrompus depuis mars 2024, et l’avancement global plafonne à 38 %. Le gouvernement veut identifier les freins financiers et logistiques afin de relancer les opérations sans délai.

Le cap fixé sur septembre

Le Premier ministre a exigé que toutes les solutions à court terme — notamment en matière de paiement, de financement et de contractualisation — soient définies avant le 15 septembre. Il a également rappelé la responsabilité collective des ministères de l’Économie, des Finances, de l’Hydraulique, de l’Énergie, de l’Agriculture et de l’Industrie dans l’aboutissement de ces projets. Chaque ministère devra rendre compte, dans un calendrier resserré, des mesures engagées pour surmonter les retards et anticiper les besoins futurs.

À travers cet agenda précis et contraignant, l’exécutif entend donner une nouvelle impulsion à des programmes qui touchent au cœur des attentes populaires : emploi rural, accès à l’eau et sécurité énergétique. Il ne s’agit plus de planifier, mais d’exécuter sans détour.

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