L’autoroute à péage A1, artère stratégique du réseau routier sénégalais, connait ce lundi matin une double perturbation qui a fortement impacté la circulation. Long de 127 kilomètres, ce corridor relie Dakar à l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) et jusqu’à Mbour, et constitue la colonne vertébrale d’un réseau de 222 kilomètres d’autoroutes payantes réparties entre les régions les plus dynamiques du pays. Mais ce matin, la fluidité habituelle a laissé place à la paralysie, avec des embouteillages s’étendant sur plusieurs kilomètres dans les deux sens de circulation.
Le premier incident est survenu à hauteur de Diamniadio, un point névralgique du trafic entre la capitale et l’aéroport. Un accident impliquant plusieurs véhicules y a causé un ralentissement massif en direction du terminal. À cette heure de forte affluence, la congestion a très vite pris de l’ampleur, piégeant de nombreux voyageurs, transporteurs et usagers ordinaires. L’absence d’alternatives viables accentue l’ampleur des retards et multiplie les tensions sur la route.
Un incendie de poids lourd ajoute à la confusion
Presque simultanément, dans le sens inverse, un second événement est venu aggraver la situation. Un camion s’est renversé au niveau de Toglou, provoquant un début d’incendie qui a nécessité l’intervention rapide des secours. Si le feu a pu être maîtrisé sans pertes humaines signalées, l’impact sur la circulation a été immédiat : voie barrée, longues files de véhicules immobilisés, et une accumulation de pression sur les axes secondaires. Ce type d’incident, de plus en plus fréquent sur les grands axes sénégalais, révèle la fragilité de l’organisation logistique autour du fret lourd, notamment dans les zones où les bretelles de secours sont inexistantes.
À cela s’ajoute la difficulté de coordination entre les services d’urgence et les concessionnaires de l’autoroute, qui n’ont pas toujours les moyens techniques ou humains pour réagir rapidement et maintenir la fluidité du trafic. Ces deux événements conjugués ont transformé une matinée ordinaire en calvaire routier pour des milliers d’usagers, confirmant la vulnérabilité d’un système encore trop dépendant de la bonne fortune.
Quand la fluidité devient exception
L’accumulation des incidents de ce type sur l’autoroute à péage soulève des questions urgentes sur la gestion de cette infrastructure majeure. Conçue pour désengorger Dakar et moderniser la connectivité nationale, la A1 est devenue un axe unique où tout incident, même mineur, se transforme en paralysie générale. Cette dépendance excessive renforce le besoin de routes secondaires opérationnelles, de systèmes de détection et de réaction rapides, mais aussi d’une meilleure formation des conducteurs, notamment pour les véhicules de transport de marchandises.
Plus largement, ces blocages répétés posent la question de la résilience de nos infrastructures face à l’augmentation du trafic et à la complexité croissante des flux logistiques. Alors que l’autoroute reste une vitrine de la modernité routière sénégalaise, sa gestion quotidienne montre que la performance ne se mesure pas qu’en kilomètres construits, mais aussi en fluidité maintenue. Ce matin, la route a parlé — et elle a dit qu’elle suffoque.



