Depuis le 18 juin, le service public de la justice tourne au ralenti au Sénégal. Une grève des greffiers, entamée pour exiger le respect d’accords remontant à 2018 sur la hiérarchie A2 et le reclassement sans condition, s’éternise et aggrave le quotidien de milliers d’usagers. Le Médiateur de la République, qui s’est mobilisé pour organiser un dialogue, peine à faire émerger un consensus, tant les positions restent figées. Le Forum du Justiciable, parmi d’autres voix civiles, alerte sur les impacts concrets de cette paralysie prolongée sur les procédures et les droits des citoyens.
Pendant ce temps, les actions syndicales s’intensifient. Après un débrayage de 72 heures observé les 28, 29 et 30 juillet, une nouvelle grève de 48 heures est en cours ce 31 juillet et se poursuivra jusqu’au 1er août. Les grévistes dénoncent une stratégie de blocage de la part des autorités, qui opposent aux revendications salariales et statutaires des mesures jugées coercitives.
Réquisitions, sanctions et bras de fer ouvert
Le climat s’est alourdi avec la décision du ministère de la Justice de réquisitionner des greffiers grévistes, une démarche immédiatement rejetée par les intéressés comme étant juridiquement infondée. En guise de réponse, les autorités ont procédé à des ponctions sur salaires, une initiative perçue comme une tentative de dissuasion. Loin d’éteindre le mouvement, cette mesure semble au contraire renforcer sa radicalité.
Pour Maître Touré, joint par Sud Fm, figure de proue du collectif, « à la place de la négociation collective, les autorités expriment une préférence pour l’intimidation, les menaces et les privations des droits les plus élémentaires ». Ce ton offensif reflète l’état d’esprit des grévistes, qui affirment sortir « ragaillardis » après ce nouveau pas de l’administration.
L’équilibre fragile entre continuité du service public et droit à la contestation
Cette crise met en lumière une ligne de fracture profonde dans la gestion sociale du secteur judiciaire. D’un côté, l’État invoque la nécessité de garantir un service minimum, notamment pour les actes urgents et les procédures pénales. De l’autre, les travailleurs dénoncent une absence de volonté réelle de régler les différends, malgré l’ancienneté de leurs revendications.
À mesure que le bras de fer se prolonge, la pression monte sur les acteurs institutionnels pour trouver une issue viable, avant que les tensions ne déstabilisent plus largement l’appareil judiciaire. L’épreuve de force en cours est aussi celle d’une démocratie confrontée à sa capacité d’écoute et de compromis dans un secteur aussi sensible que celui de la justice.


