Le 10 juillet 2025, Pape Abdoulaye Touré, fondateur de l’Initiative Zéro Impunité (IZI), était reçu par le Premier ministre pour une audience qu’il a qualifiée de directe et utile. Cet échange avait pour toile de fond une exigence claire : obtenir de la justice sénégalaise des actes concrets face aux nombreuses violations des droits humains enregistrées lors des troubles politiques entre février 2021 et mars 2024. Depuis cette rencontre, la pression s’intensifie autour des institutions judiciaires, accusées de maintenir un silence que de nombreuses familles vivent comme une deuxième violence.
Une réponse partielle, des attentes intactes
Le 15 juillet, une lettre officielle du ministre de la Justice Ousmane Diagne est parvenue à Pape Abdoulaye Touré, en réponse à une requête déposée deux semaines plus tôt. Le courrier confirmait que le procureur de la République avait été saisi pour examiner sa plainte personnelle liée à des actes présumés de torture. Toutefois, cette réponse n’abordait aucunement le sort des nombreuses autres victimes — blessés, détenus, morts non élucidés — recensés dans les événements politiques récents.
Le 18 juillet, une nouvelle correspondance a été adressée au ministre, cette fois collective. Elle rappelait que les cas comme celui de PAT ne sont que la partie émergée d’un iceberg de souffrances restées sans justice. Le courrier soulignait aussi qu’en vertu de la législation sénégalaise et des conventions internationales ratifiées par le pays, le parquet peut se saisir d’office lorsqu’il s’agit d’allégations de traitements inhumains, sans attendre nécessairement une plainte formelle de la part des familles.
L’Initiative Zéro Impunité, un front citoyen en alerte
Depuis sa création, l’Initiative Zéro Impunité multiplie les démarches légales, les prises de parole et les communications publiques pour pousser à l’ouverture de procédures. L’ambition de la plateforme est de documenter, suivre et transmettre tous les cas de violations graves, tout en maintenant une pression constante sur les autorités judiciaires et politiques. Ce combat est mené sans tapage, mais avec une régularité qui empêche les institutions de tourner la page trop vite.
L’initiative ne se limite pas aux plaintes individuelles, mais plaide pour une réponse institutionnelle à la hauteur des violences endurées. Pour les familles endeuillées, le silence prolongé de la justice équivaut à une négation du drame. Pour les survivants, l’absence de poursuites nourrit la peur que les mêmes méthodes répressives se reproduisent en toute impunité.
Une justice au pied du mur
Quatre années se sont écoulées depuis les premières manifestations marquées par des pertes humaines, des arrestations arbitraires et des témoignages accablants de sévices. Aujourd’hui, alors que le pays amorce un nouveau cycle politique, les victimes attendent toujours un signal fort de la part de ceux qui ont pour mandat de garantir l’État de droit.
Pape Abdoulaye Touré rappelle que la réconciliation sans vérité ni justice serait un marché de dupes. En rendant compte régulièrement des échanges engagés avec les institutions, il tente de briser le cycle de l’oubli et de redonner une voix à ceux qui n’ont toujours pas été entendus. Le message est limpide : sans clarté sur les responsabilités, il ne saurait y avoir de paix durable ni de confiance restaurée envers les institutions judiciaires.



