Sénégal : La Police frappe un réseau de drogue Kush à Dakar

C’est dans l’ombre du pont de la Corniche des HLM, à proximité d’un lieu tristement surnommé « Cité Imbécile », que les forces de l’ordre ont mis la main sur un nouveau vecteur de poison urbain. Ce vendredi 18 juillet, une opération menée par le commissariat de Biscuiterie-HLM a permis d’interpeller un individu de nationalité étrangère, en possession de 82 doses de Kush, dissimulées dans ses sous-vêtements. L’arrestation s’est déroulée dans un secteur déjà connu pour ses failles en matière de sécurité et sa proximité avec les circuits informels de consommation.

La marchandise a été saisie et transmise au Greffe du Tribunal de Grande Instance de Dakar. L’enquête se poursuit pour établir les ramifications possibles d’un réseau dont la structuration inquiète autant qu’elle alerte. Derrière ce coup de filet, c’est tout un écosystème toxique qui se dessine en filigrane : des filières souterraines, des clients jeunes et désœuvrés, et des rues où les repères se dissolvent à mesure que la drogue s’installe.

La kush, un fléau transfrontalier

Venue de Sierra Leone, la kush a gagné les villes ouest-africaines, transportée par la rumeur d’un « calmant puissant » avant que ses effets ne révèlent leur violence. Mélange instable de produits chimiques, cette drogue bon marché est souvent conçue sans contrôle ni dosage précis. Au Sénégal, sa montée en puissance est récente mais brutale. Colobane, Pikine, Guédiawaye, Grand-Yoff : les témoignages se multiplient dans ces quartiers où l’on croise désormais des adolescents hagards, incapables de tenir debout, leurs yeux vides fixant le bitume.

La kush ne stimule pas, elle anéantit. Elle s’attaque au système nerveux, provoque des pertes de mémoire, des convulsions, et parfois même des états catatoniques. Elle transforme ses consommateurs en corps errants, menaçant la santé publique tout en fragilisant les communautés déjà exposées à des fragilités économiques. Le produit circule par poches, via des vendeurs mobiles et des points de revente discrets, souvent installés à proximité des établissements scolaires ou des gares routières.

Un défi sécuritaire doublé d’une urgence sanitaire

La saisie réalisée aux HLM est la dernière en date d’une série d’opérations menées dans la capitale. Mais elle confirme une réalité plus large : la consommation de Kush n’est plus marginale. Elle s’ancre dans des environnements urbains où la pauvreté, le chômage des jeunes et l’érosion des repères sociaux forment un terrain propice. Les dealers ciblent une jeunesse vulnérable, souvent en rupture avec le système scolaire, séduite par les promesses d’évasion et d’appartenance à un groupe.

La Police nationale, de son côté, tente d’endiguer la propagation avec les moyens à sa disposition. Des patrouilles, des contrôles ciblés, des appels à la vigilance sont régulièrement lancés. Mais l’ampleur du phénomène pousse à s’interroger sur les politiques publiques d’accompagnement. La réponse ne peut être uniquement répressive. Elle devra intégrer des campagnes de sensibilisation, des dispositifs de prise en charge des usagers, et un renforcement de la coopération régionale pour tarir les sources d’approvisionnement.

Face à une drogue qui ne laisse ni trace visible ni espoir de rémission facile, l’urgence est d’agir vite, et ensemble. Car dans les rues de Dakar, chaque sachet de Kush en circulation est une vie suspendue à un souffle toxique.

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