Après plus de six semaines passées en détention, Sophie Gladima, figure politique et scientifique bien connue, a retrouvé une liberté partielle. Assignée à résidence avec un dispositif de surveillance électronique, elle est désormais autorisée à circuler entre Dakar et Thiès, ce qui lui permet de reprendre partiellement ses fonctions de mairesse de Joal.
Une liberté sous contrôle
Le 7 juillet 2025 marque un tournant dans la procédure judiciaire visant l’ancienne ministre des Mines et du Pétrole. Poursuivie pour détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux et association de malfaiteurs, Sophie Gladima bénéficie désormais d’une liberté surveillée. La décision, rendue par la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice, intervient après deux mois de rétention dans le cadre de l’enquête sur le projet de centre gravimétrique de Kédougou, financé avec les fonds destinés à la lutte contre la COVID‑19.
Initialement accusée d’avoir détourné 193 millions de francs CFA, l’experte en géologie a vu ce montant réduit à 73 millions au fil des investigations. Ce réajustement n’a toutefois pas suffi à obtenir sa libération dans l’immédiat. C’est seulement après plusieurs audiences et une réévaluation de son implication directe que les juges ont opté pour une libération conditionnelle, assortie du port d’un bracelet électronique. Ce dispositif impose des contraintes strictes de déplacement, mais permet à l’ex-ministre de sortir du huis clos carcéral.
Une procédure emblématique de la Haute Cour
Sophie Gladima n’est pas un cas isolé. Elle fait partie d’un groupe de cinq anciens membres du gouvernement de Macky Sall à être convoqués devant la Haute Cour de justice. Cette juridiction, rarement mobilisée par le passé, est aujourd’hui au cœur de la nouvelle gouvernance judiciaire. Parmi les personnalités concernées figure également Ismaïla Madior Fall, ancien garde des Sceaux, lui aussi placé sous bracelet électronique. Ces procédures traduisent un changement profond dans la manière dont les affaires de gestion publique sont désormais traitées au sommet de l’État.
Cette volonté de faire répondre les ex-ministres de leurs actes s’inscrit dans un climat politique où la redevabilité n’est plus théorique. Le recours au bracelet électronique, jusque-là peu utilisé, matérialise une nouvelle forme de privation de liberté, pensée comme une alternative à l’incarcération préventive, tout en permettant un contrôle effectif des individus visés par des procédures lourdes.
Une reprise limitée de ses responsabilités politiques
Malgré les restrictions judiciaires, Sophie Gladima reste à la tête de la commune de Joal. La levée partielle des contraintes de déplacement lui permettra d’assurer une présence physique sur son territoire, entre Thiès et Dakar. Cette flexibilité soulève néanmoins des interrogations. Peut-on gouverner une collectivité locale en étant sous surveillance électronique ? La question divise, entre partisans du respect de la présomption d’innocence et défenseurs d’une exigence d’exemplarité absolue.
L’affaire Gladima illustre les dilemmes auxquels est confrontée la justice sénégalaise : garantir un traitement équitable, sans faiblesse apparente, tout en respectant les droits fondamentaux des personnes mises en cause. Pour l’ancienne ministre, cette étape ne clôture pas le dossier. Elle marque le début d’une nouvelle phase, plus exposée encore, où chaque geste, chaque déplacement, chaque parole publique sera scruté à la loupe. Le procès à venir, s’il a lieu, pèsera lourdement sur sa trajectoire politique comme sur l’image d’une classe dirigeante en pleine recomposition.



