L’affaire judiciaire visant Badara Gadiaga, chroniqueur emblématique de l’émission Jakaarlo bi diffusée sur TFM, vient de franchir une nouvelle étape. À la suite de propos tenus à l’antenne le 4 juillet dernier, l’analyste a été placé en garde à vue, puis déféré devant le parquet avant que son dossier ne soit confié au doyen des juges. Le chroniqueur est désormais visé par une information judiciaire pour diffusion de contenus considérés offensants et potentiellement mensongers à l’égard d’une autorité publique de premier plan. Ce développement survient alors que d’autres personnalités impliquées dans la même séquence médiatique — le député Amadou Ba et le journaliste Madiambal Diagne — ont été convoquées, entendues, puis relâchées sans suite.
Des propos qui dérangent et une procédure qui divise
Les faits reprochés à Badara Gadiaga découlent d’interventions critiques à l’encontre du leader du parti Pastef, Ousmane Sonko. Selon les autorités, certaines de ses déclarations seraient allées au-delà de la simple opinion en atteignant à la dignité d’une autorité publique investie de responsabilités nationales. La Division spéciale de la cybersécurité, saisie dans un contexte de vigilance accrue sur les contenus médiatiques, a estimé que les propos tenus relevaient d’un trouble à l’ordre moral.
Le parquet, saisi deux jours après la garde à vue du chroniqueur, a estimé nécessaire d’ouvrir une information judiciaire, ce qui implique désormais la possibilité de mesures restrictives de liberté, voire d’une mise en examen. Cette décision marque une inflexion notable dans la manière dont sont traités les dossiers médiatiques à caractère politique.
Une liberté d’expression sous tension
L’arrestation de Badara Gadiaga a rapidement enflammé les réseaux sociaux et suscité de vives réactions dans le monde politique. Plusieurs partis, du Rewmi au Parti socialiste en passant par le PDS, ont dénoncé une dérive liberticide, évoquant une instrumentalisation de la justice pour dissuader toute critique publique du pouvoir. Des rassemblements spontanés ont même été observés devant le tribunal de Dakar, signe que l’affaire dépasse la seule personne de Gadiaga pour toucher à une inquiétude plus large sur la protection des libertés publiques.
Cette séquence rappelle que les nouvelles autorités devront trouver un équilibre entre fermeté républicaine et respect des droits fondamentaux. Car s’il est légitime de préserver la dignité des institutions, le faire au prix d’une censure judiciaire risque d’alimenter une défiance croissante envers les contre-pouvoirs. À l’heure où le Sénégal cherche à stabiliser son climat politique, chaque décision de justice devient un test de crédibilité pour le régime en place.
Cette affaire est trop Gada Gada….;