Un an après l’extraction du tout premier baril de pétrole sénégalais au large de Sangomar, le gouvernement poursuit sa politique d’ouverture en matière de gestion des ressources. Le ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines a rendu public, samedi 5 juillet, un nouveau rapport sur les exportations du mois de juin, confirmant la sortie de 2,9 millions de barils répartis sur trois cargaisons maritimes. Ces données ne sont pas livrées au compte-gouttes, mais dans une logique de régularité, avec des publications mensuelles qui permettent aux citoyens, comme aux analystes, de suivre de près les volumes traités.
Au-delà de la publication elle-même, le geste envoie un message politique : le pétrole sénégalais n’est pas destiné à devenir un secret d’État. En publiant les chiffres de manière systématique, le ministère s’efforce de rompre avec les zones d’ombre qui, dans d’autres pays, ont souvent entouré l’exploitation des hydrocarbures. L’enjeu est double : d’un côté, rassurer les investisseurs en offrant de la visibilité ; de l’autre, désamorcer la méfiance interne vis-à-vis de la gestion des revenus énergétiques.
Des volumes en ligne avec les prévisions officielles
Le rapport dévoilé confirme que le deuxième trimestre a été particulièrement actif, avec un total cumulé de 9,63 millions de barils exportés entre avril et juin. Une performance conforme aux prévisions, qui tablent sur 30,53 millions de barils pour l’ensemble de l’année 2025. Le mois d’avril, à lui seul, avait déjà vu l’expédition de 3,8 millions de barils répartis sur quatre chargements. La cadence semble donc stable, et la production sous contrôle.
Cette régularité dans les volumes traités laisse entrevoir une montée en puissance progressive, mais méthodique, du Sénégal sur le marché pétrolier régional. Le champ offshore de Sangomar, opéré par la compagnie australienne Woodside Energy avec la participation de la société nationale PETROSEN, constitue aujourd’hui l’épine dorsale du nouveau visage énergétique du pays. À mesure que les infrastructures se consolident, les flux pétroliers s’installent dans un rythme de croisière, portés par des ambitions de développement industriel et de souveraineté économique.
Une transparence saluée, mais à approfondir
Rendre publics les volumes extraits et exportés est une étape importante, mais insuffisante si elle n’est pas suivie d’informations sur les revenus générés, les affectations budgétaires et les retombées concrètes pour les populations. Si le ministère a franchi un cap en matière de communication, les attentes citoyennes vont désormais au-delà du nombre de barils : elles concernent la redistribution, la traçabilité financière et la contribution effective de cette manne à l’amélioration des conditions de vie.
Cette publication du 5 juillet contribue néanmoins à installer une culture de l’information dans un secteur historiquement opaque. Elle pourrait faire école, notamment dans d’autres domaines extractifs ou dans les contrats publics. Car dans un pays où le pétrole ne fait que commencer à s’extraire, c’est dès maintenant que se joue la crédibilité d’un modèle vertueux. Reste à savoir si cette volonté de transparence ira jusqu’au bout de sa logique : celle d’un État redevable, non seulement sur les volumes extraits, mais aussi sur l’usage exact qu’il fait de ses ressources.


