Le dénouement judiciaire de deux affaires très suivies vient de se produire, après plusieurs semaines d’incertitude alimentées par la paralysie du système judiciaire. Depuis le 18 juin, la grève des greffiers a fortement ralenti le traitement des dossiers, forçant à reporter à deux reprises le verdict concernant Bachir Fofana et Moustapha Diakhaté. Tous deux ont vu leur jugement suspendu dans un contexte où la machine judiciaire fonctionnait au ralenti, au grand dam des observateurs et de leurs proches.
Pourtant, les charges étaient lourdes : le premier, journaliste, poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, était en détention préventive depuis plusieurs semaines pour avoir accusé un acteur public d’avoir profité frauduleusement d’un marché d’acquisition de véhicules pour l’Assemblée nationale. Le second, ancien parlementaire, était dans le viseur de la justice pour des propos critiques tenus à l’encontre du chef de l’État. Dans les deux cas, le ministère public avait requis six mois de prison dont trois fermes, assortis d’une amende de 200 000 FCFA.
Des peines symboliques et une libération immédiate
Finalement, les sentences ont été bien moins sévères que les réquisitions du parquet. Bachir Fofana a écopé de deux mois de prison avec sursis pour les propos incriminés. Quant à Moustapha Diakhaté, il a été condamné à deux mois de prison, dont quinze jours fermes, mais a été relaxé du chef d’offense à une personne exerçant une part des prérogatives du président de la République. Il reste toutefois reconnu coupable d’offense directe au chef de l’État.
Ces verdicts permettent aux deux hommes de recouvrer immédiatement la liberté, après une procédure semée d’embûches et fortement politisée dans l’espace public. Leur libération marque la fin d’un épisode judiciaire aux ramifications autant juridiques que politiques, dans un climat où la justice reste sous pression.
Un climat judiciaire sous tension
Au-delà de ces deux affaires, ces procès illustrent la situation délicate du système judiciaire sénégalais, où les retards s’accumulent à cause d’un bras de fer persistant entre l’administration et les greffiers en grève. Le manque de personnel pour assurer le traitement des dossiers provoque une frustration croissante chez les justiciables, dont certains restent en détention préventive sans perspective claire.
Alors que la justice peine à remplir ses missions de base, la médiatisation de cas comme ceux de Fofana et Diakhaté renforce le sentiment d’injustice chez une partie de la population. Si les condamnations prononcées permettent aujourd’hui de tourner la page, elles laissent en suspens une question centrale : dans un État de droit, la justice peut-elle continuer à opérer sans les moyens humains et logistiques nécessaires à son bon fonctionnement ?



