Une tension aiguë agite le quartier Darou Rahmane Montagne à Rufisque Nord, où des scènes d’expulsion violente ont mis à nu la fragilité des droits fonciers en milieu urbain. Bien que le maire de Rufisque ait fini par obtenir un avis suspensif des autorités, ce document est intervenu après les opérations musclées, permettant uniquement d’apaiser la situation une fois les dégâts déjà causés.
Des expulsions menées sous haute pression
En pleine matinée, des éléments des forces de l’ordre sont intervenus en nombre, procédant à l’évacuation manu militari de plusieurs foyers. Des effets personnels ont été jetés en pleine rue, sans qu’une solution de relogement immédiate ne soit proposée. Parmi les personnes interpellées figure Iboulaye Diouf selon PressAfrik, père de famille, placé dans un véhicule des forces de l’ordre avec d’autres habitants. Des témoins rapportent des scènes de détresse, des enfants en larmes et des femmes tentant de sauver ce qu’elles pouvaient de leurs affaires.
Ces interventions sont survenues malgré les tentatives locales pour geler le processus. L’avis suspensif, obtenu dans un second temps par le maire, est venu calmer les tensions.
Un litige qui oppose Mbackiyou Faye aux résidents
À l’origine du conflit, une revendication foncière émanant de Mbackiyou Faye, homme d’affaires influent et représentant du Khalife général des Mourides à Dakar. Il affirme être propriétaire du terrain sur lequel les habitants ont bâti leurs maisons. Depuis plusieurs mois, il réclame leur départ, estimant occuper ce droit de façon légitime.
Les habitants, eux, soutiennent avoir acheté leurs parcelles légalement et possèdent des baux fonciers délivrés par les autorités compétentes. « Nous avons construit ici avec nos économies, en suivant toutes les procédures. Un jour, des hommes sont venus nous dire que ce terrain appartenait à quelqu’un d’autre », déplore un résident. Pour eux, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une tentative de spoliation.
Une affaire révélatrice des tensions foncières au Sénégal
Ce litige n’est pas isolé. Il met en lumière une faille récurrente dans le système foncier sénégalais, où des documents officiels peuvent être remis en cause par des actes antérieurs ou des titres concurrents. L’écart entre légalité perçue par les habitants et reconnaissance officielle des droits de propriété favorise des conflits brutaux, souvent arbitrés par la force avant la justice.
La notoriété de Mbackiyou Faye et son rôle dans l’environnement religieux et économique de la capitale ajoutent une complexité politique au dossier. Les habitants, quant à eux, espèrent que l’intervention du maire et la suspension provisoire du processus permettront une médiation impartiale.
Dans un contexte de pression foncière croissante, ce type d’événement pose une question cruciale : qui protège les citoyens lorsque leurs titres sont soudainement contestés ? À Darou Rahmane Montagne, la réponse reste incertaine.



