C’est dans une atmosphère rendue fébrile par une série de déclarations croisées que le président Bassirou Diomaye Faye a tranché. Le 14 juillet 2025, en marge de la restitution du rapport du Dialogue national, il a tenu à clarifier publiquement sa relation avec son Premier ministre, Ousmane Sonko. Cette intervention, brève mais ferme, visait à répondre aux spéculations insistantes sur un prétendu froid entre les deux hommes forts de l’État. Le chef de l’État a balayé les rumeurs, affirmant sans détour qu’aucun différend ne les oppose, et qu’ils restent liés par une confiance mutuelle et une vision politique partagée.
La sortie présidentielle fait écho à un épisode récent qui avait enflammé les analyses : lors de l’installation du Conseil national de PASTEF, Sonko avait invité le président à faire cesser les attaques personnelles dont il faisait l’objet. Il avait ajouté que, si rien n’était fait, il se chargerait lui-même de régler la situation. Cette mise en garde, publique et solennelle, avait été lue par beaucoup comme le signe d’un désaccord latent ou, à tout le moins, d’une divergence dans la gestion de la communication politique au sein du pouvoir. La déclaration de Diomaye est donc apparue comme un acte de désamorçage calculé.
PASTEF sous pression, les équilibres à préserver
Au-delà des individus, c’est l’unité de la coalition au pouvoir qui était en jeu. Depuis leur arrivée aux responsabilités, les attentes placées dans le tandem Diomaye-Sonko sont à la mesure de la promesse de rupture qu’ils incarnent. Toute crispation entre ces deux figures fait mécaniquement trembler la base militante et alimente les inquiétudes chez les partenaires internationaux. Les réseaux sociaux s’étaient déjà emparés du sujet avec la vigueur qu’on leur connaît, multipliant analyses approximatives, montages et récits de coulisses souvent invérifiables.
En réponse, le président a recentré le débat sur la continuité de l’engagement commun. Il a appelé les cadres et militants de PASTEF à préserver la cohésion, leur rappelant que les défis à venir nécessitent une discipline collective plus qu’une mise en scène des tensions internes. Ce rappel à l’ordre vaut autant pour les cercles proches du pouvoir que pour les figures publiques du parti, dans un contexte où chaque prise de parole individuelle est rapidement interprétée comme une position institutionnelle.
Une présidence qui cherche à stabiliser son image
En agissant aussi rapidement, Diomaye Faye démontre une volonté de verrouiller l’image de son gouvernement, à un moment où la crise économique réclame un front uni. L’opinion attend des résultats sur des sujets aussi concrets que la gestion de la dette, la relance des investissements ou la réforme de l’administration. Une guerre d’ego au sommet serait non seulement contre-productive, mais aussi incompréhensible aux yeux de ceux qui ont misé sur l’alternance.
En réaffirmant leur entente, le président ne cherche pas seulement à protéger son Premier ministre ; il se protège lui-même de la désintégration symbolique d’un duo devenu emblématique d’une génération politique. La stratégie est claire : refermer la parenthèse des tensions supposées pour redonner au pouvoir l’image d’un attelage cohérent, capable de traduire ses ambitions en réformes tangibles.
Pour l’instant, le rideau est retombé sur l’épisode. Mais les prochains mois diront si ce geste d’apaisement suffit à garantir la stabilité d’un tandem soumis à toutes les pressions, internes comme externes. Car entre la loyauté politique, l’exercice du pouvoir et les ambitions personnelles, la ligne est toujours plus fine qu’on ne le croit.



