Alors que les soupçons de fraude avaient déjà entaché les épreuves du baccalauréat cette année, les épreuves du BFEM viennent à leur tour confirmer une dynamique préoccupante. À Louga, c’est un simple contrôle de routine effectué par un surveillant au centre Modou Awa Balla Mbacké qui a permis de découvrir une organisation de triche structurée, reposant sur un groupe WhatsApp. Au total, 18 candidats ont été interpellés. Selon les premiers éléments de l’enquête, ils s’étaient organisés pour acheter et redistribuer des corrigés contre 20 000 francs CFA par élève, via leurs téléphones portables. Le groupe, selon les enquêteurs, était actif depuis plusieurs jours, avec des schémas de diffusion bien établis et des consignes précises sur les moments d’usage des téléphones.
À Mbour, la méthode différait peu, bien que l’ampleur fût moindre. Quatre élèves du centre Élite de la Nation ont été surpris en possession de corrigés d’épreuves déjà passées, mais aussi de celles à venir. Le contenu, conservé sur leurs appareils mobiles, laisse penser que des sujets ont circulé bien avant le lancement des examens, soulevant des interrogations sur la sécurité de la chaîne de transmission. Placés en garde à vue, les élèves ont reconnu avoir reçu les documents sans être en mesure d’identifier la source exacte des fuites.
Des mécanismes qui contournent la surveillance classique
L’un des constats les plus troublants est la facilité avec laquelle ces candidats ont pu introduire leurs téléphones dans les salles d’examen, malgré les consignes strictes d’interdiction et les rappels systématiques. Loin d’être des cas isolés ou improvisés, les fraudes observées montrent un niveau de préparation élevé, où la technologie est exploitée avec une précision inquiétante. Certaines sources évoquent même la possibilité de complicités en dehors du cercle des élèves, sans qu’aucune preuve formelle ne soit, pour l’instant, établie.
Le parallèle avec les récents incidents du baccalauréat est désormais inévitable. Là encore, des alertes avaient été lancées sur l’utilisation des réseaux sociaux pour partager des réponses, voire des sujets. Pourtant, malgré les menaces de sanctions et la présence de forces de sécurité à proximité de certains centres, les pratiques semblent non seulement persister, mais évoluer en sophistication.
Un signal d’alarme pour le système éducatif
Plus que des écarts individuels, ces incidents posent la question de la crédibilité même des examens nationaux. Si les résultats finaux sont perçus comme entachés par des irrégularités, c’est l’ensemble du système de sélection et d’évaluation qui se fragilise. Les tricheries de Louga et Mbour montrent que la surveillance classique, souvent fondée sur la seule vigilance des surveillants, ne suffit plus à contenir des fraudes appuyées par des outils numériques omniprésents.
La réponse des autorités sera scrutée de près. Reprises d’épreuves, poursuites judiciaires, renforcements techniques : plusieurs pistes sont sur la table. Mais au-delà de la répression, c’est la prévention qui devra être repensée. Cela implique une sensibilisation renforcée à l’éthique scolaire, mais aussi une revalorisation de l’effort individuel, dans un contexte où la pression du résultat pousse certains à franchir les lignes.
Le BFEM 2025 aura été marqué non seulement par les épreuves, mais aussi par l’ombre de la triche. Un avertissement sans détour pour l’école sénégalaise, confrontée à l’un de ses défis les plus corrosifs.




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