Dans la région Kolda, des soupçons longtemps murmurés viennent de déboucher sur une arrestation. Ce lundi 7 juillet, Bacary Baldé, maire de la commune de Saré Bidji, a été interpellé par la gendarmerie. Au cœur de l’affaire : des ventes de terrains entachées de falsifications, dénoncées depuis plusieurs mois par les populations locales.
Les premières contestations sont apparues en février dernier. Plusieurs habitants de la commune de Saré Bidji s’étaient alors élevés contre des attributions de parcelles jugées douteuses. Manque de transparence, superpositions de titres, absence de documents authentifiables : les griefs s’accumulaient. Malgré ces signaux d’alerte, aucune réaction officielle n’avait suivi dans l’immédiat. C’est finalement après une série de plaintes individuelles déposées par des acquéreurs lésés que l’affaire a franchi un cap judiciaire.
Des irrégularités établies sur le terrain
Une mission de la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol (DSCOS), dépêchée dans la commune ces dernières semaines, aurait relevé de graves irrégularités dans la gestion des dossiers fonciers. Certains documents utilisés pour justifier les transactions seraient apocryphes, selon des sources proches du dossier. Des dizaines de parcelles auraient ainsi été cédées à des tiers sur la base de faux actes administratifs, provoquant des pertes financières estimées à plusieurs millions de francs CFA.
Cette situation a conduit le parquet du tribunal de grande instance de Kolda à diligenter une enquête rapide. À la suite de cette instruction préliminaire, Bacary Baldé a été placé en garde à vue. Il devrait être présenté dans les prochains jours au procureur pour répondre des accusations d’escroquerie foncière. L’enquête, encore en cours, pourrait être élargie à d’autres agents ou complices éventuels, si l’ampleur des irrégularités se confirme.
Une affaire qui résonne bien au-delà de Kolda
L’arrestation d’un maire en exercice pour fraude foncière met en lumière un problème ancien mais toujours actuel dans plusieurs zones rurales du pays : l’opacité des procédures d’attribution de terres et l’absence de mécanismes fiables de contrôle. Dans certaines communes, le foncier reste un levier d’influence politique ou économique, souvent géré de manière discrétionnaire. Le cas de Saré Bidji révèle à quel point ces pratiques peuvent déboucher sur des conflits juridiques complexes et durables, compromettant la stabilité locale.
Pour les habitants, cette arrestation est vécue comme un soulagement après des mois d’incertitude. Mais elle soulève aussi une série de questions : qui d’autre savait ? Comment ces ventes ont-elles pu se multiplier sans opposition formelle de la tutelle ? Et que deviendront les terrains vendus à des citoyens désormais floués ? Autant d’interrogations auxquelles la justice devra répondre, dans une région où la terre reste l’un des biens les plus convoités – et les plus vulnérables.



