Armement : l'Inde repousse une proposition américaine

Les États-Unis multiplient les efforts pour renforcer leur coopération avec l’Inde, perçue comme un contrepoids essentiel à la Chine dans la région indo-pacifique. Ces initiatives passent notamment par l’élargissement des ventes d’armes, mais certaines propositions se heurtent à la volonté d’autonomie stratégique affichée par New Delhi, qui vient de rejeter l’offre américaine de chasseurs furtifs F-35.

Des liens militaires consolidés

La relation de défense entre les États-Unis et l’Inde a connu une progression notable au fil des dernières années. Plusieurs contrats ont été conclus, permettant à l’Indian Air Force (IAF) de s’équiper de drones MQ-9B SkyGuardian, avions P-8I Poseidon, ainsi que d’hélicoptères Apache et Chinook. Cette tendance à la diversification des fournisseurs se poursuit, avec pour toile de fond la volonté de limiter la dépendance historique aux équipements russes.

À l’occasion d’une visite de Narendra Modi à Washington en février, le président Donald Trump a évoqué publiquement l’ouverture à des ventes de F-35 à l’Inde, marquant un tournant potentiel dans la nature des équipements proposés.

Le refus du F-35 : un choix stratégique

Selon des informations relayées par Bloomberg, New Delhi a décliné l’offre de Lockheed Martin concernant le F-35. Le gouvernement indien a indiqué ne pas souhaiter acquérir cet avion de 5ᵉ génération, préférant explorer d’autres formes de coopération, notamment le développement et la fabrication conjoints d’équipements de défense. Cette posture s’inscrit pleinement dans les priorités de Make in India et Aatmanirbharta, les programmes indiens axés sur l’autosuffisance industrielle.

Le ministère indien de la Défense a par ailleurs engagé le développement de l’Advanced Medium Combat Aircraft (AMCA), un projet national de chasseur furtif dont l’entrée en service n’est pas attendue avant 2034. Ce calendrier pose toutefois des défis capacitaires, d’autant plus que le Pakistan, voisin et rival stratégique, s’oriente vers l’acquisition du J-35 chinois.

Le programme MRFA, enjeu central de la modernisation

En parallèle, l’Indian Air Force prévoit de moderniser sa flotte vieillissante à travers le programme MRFA, qui vise à acquérir 114 avions multirôles. Ce contrat suscite l’intérêt de plusieurs grands constructeurs : Dassault Aviation (Rafale), Boeing (F/A-18 Super Hornet, F-15EX), Lockheed Martin (F-21), Saab (Gripen E/F), Eurofighter (Typhoon), ainsi que la Russie, présente avec les Su-35 et MiG-35.

Cette compétition internationale s’inscrit dans un contexte où New Delhi doit composer avec un impératif de montée en puissance opérationnelle, alors que l’IAF ne dispose aujourd’hui que de 31 escadrons de combat, loin des 42 prévus dans sa doctrine.

Un positionnement d’équilibriste face aux rivalités globales

Le choix indien de privilégier la production locale sur l’achat de matériels sophistiqués américains illustre une volonté de concilier modernisation rapide et souveraineté technologique. Ce positionnement rend les négociations plus complexes pour Washington, qui cherche désormais à formuler des propositions compatibles avec les ambitions industrielles indiennes.

Plutôt qu’une simple relation d’acheteur-fournisseur, l’Inde semble vouloir construire un partenariat militaire fondé sur l’échange technologique et la montée en compétence. Une stratégie qui conforte son rôle d’acteur indépendant, en mesure de dialoguer avec plusieurs grandes puissances tout en consolidant sa propre base industrielle de défense.

1 réflexion au sujet de « Armement : l'Inde repousse une proposition américaine »

  1. « Les États-Unis multiplient les efforts pour renforcer leur coopération avec l’Inde »

    Ces c.o.n.s d’amerloques « multiplient les efforts » tout en menaçant de droits de douane de 100%. Faut qu’ils aillent se soigner, ces tarés

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