Armement : l'Inde se venge de Trump après les droits de douane

Les relations entre Washington et New Delhi traversent une nouvelle zone de turbulences. D’après le site spécialisé Indian Defence Research Wing, le projet d’acquisition de six avions de patrouille maritime P-8I Poseidon pourrait être relancé si un apaisement intervient sur le front commercial ou si le prix de l’opération est révisé à la baisse. Cette question s’inscrit dans un climat déjà tendu, marqué par des désaccords stratégiques et économiques persistants entre les deux pays.

Un blocage lié à des choix stratégiques divergents

La mise en pause de ce dossier survient peu après la décision de l’Inde d’abandonner l’idée d’acheter des chasseurs-bombardiers F-35 auprès de Lockheed Martin. Dans le même temps, le président américain Donald Trump a critiqué ouvertement les achats d’armements russes par New Delhi, un point de friction qui s’est renforcé depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022.

Depuis le début du conflit et dans un contexte de sanctions occidentales contre la Russie, l’Inde est devenue l’un de ses principaux débouchés pour les exportations d’hydrocarbures. Les volumes importés ont bondi pour atteindre près de 60 milliards de dollars sur la période récente. Washington considère que ces échanges alimentent indirectement les capacités militaires de Moscou, ce qui a justifié un durcissement de sa politique commerciale vis-à-vis de New Delhi.

Une escalade tarifaire qui crispe les relations

Le 6 août, Donald Trump a décidé d’instaurer 25 % de droits de douane supplémentaires sur les exportations indiennes à destination des États-Unis, estimant que l’absence de réduction des achats de pétrole russe constituait un risque stratégique.

L’Inde, de son côté, rejette ce qu’elle interprète comme un double standard en évoquant la Chine qui elle ne subit pas une sanction du même ordre. New Delhi insiste aussi sur la valeur de son partenariat avec Moscou, qu’elle considère comme un pilier de sa politique énergétique et militaire, et affirme qu’aucune puissance, même alliée, ne saurait lui dicter ses choix souverains. Cette position alimente des tensions bilatérales déjà nourries par des désaccords sur la coopération militaire et technologique.

Un enjeu stratégique pour la marine indienne

Pour la marine indienne, disposer de P-8I Poseidon supplémentaires n’est pas un luxe mais une nécessité opérationnelle. Les forces navales estiment qu’un parc d’au moins 18 appareils est indispensable pour surveiller efficacement les activités maritimes, en particulier celles des sous-marins et navires de recherche chinois dans des zones jugées sensibles.

Si le gel des négociations devait se prolonger, l’Inde pourrait se retrouver face à un dilemme stratégique : préserver son autonomie diplomatique tout en cherchant à maintenir un niveau de coopération militaire avec les États-Unis suffisant pour garantir sa sécurité maritime.

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