Prévu pour la retraite dès 2014 au profit du drone RQ-4 Global Hawk, le U-2 Dragon Lady a finalement conservé sa place au sein de l’US Air Force. En dépit de ses sept décennies d’existence, cet avion espion continue d’opérer dans la 9e escadre de reconnaissance, basée à Beale, en Californie, preuve de ses capacités uniques et toujours inégalées. Sa robustesse, sa polyvalence et son autonomie en font un outil stratégique irremplaçable, bien que l’évolution technologique ait multiplié les solutions sans pilote.
Une mission exceptionnelle pour un anniversaire symbolique
Le 31 juillet 2025, un vol historique a été réalisé à bord d’un TU-2S, version biplace du U-2, avec à son bord le commandant Cory « ULTRALORD » Bartholomew et le lieutenant-colonel « JETHRO » rapporte Opex360. L’appareil a parcouru plus de 6 000 milles nautiques en quatorze heures, survolant quarante-huit États américains sans interruption. Ce vol marque un record absolu de durée pour le Dragon Lady depuis son entrée en service.
Au-delà de la symbolique, cette mission visait également à tester les limites opérationnelles et humaines de l’équipage, tout en évaluant les performances d’un nouveau logiciel de planification utilisé par le 1st Reconnaissance Squadron. Ce dernier offre des capacités avancées de gestion des itinéraires, d’identification de pistes de secours, et de prévisions météo tactiques, renforçant l’efficacité globale des missions.
Une machine conçue pour l’extrême
Le U-2 continue de surpasser les drones dans plusieurs domaines : capacité d’emport doublée, multiplicité des capteurs activés en simultané, fonctionnement par tous les temps et vol à très haute altitude – dépassant les 70 000 pieds. Son indépendance vis-à-vis des systèmes de communication satellitaire lui procure également une résilience accrue face aux menaces électroniques.
Ces dernières années, des capteurs de nouvelle génération et des algorithmes d’intelligence artificielle ont été intégrés pour optimiser ses missions de reconnaissance, prouvant que l’innovation peut prolonger la pertinence d’une plateforme née au cœur de la Guerre froide.
Une exigence physique hors normes
Chaque mission du U-2 commence par une préparation intensive : examen médical approfondi, assistance de plusieurs techniciens pour l’équipement, et respiration d’oxygène pur pendant une heure afin d’éliminer l’azote du sang. Cette étape est cruciale pour prévenir les risques liés à une éventuelle dépressurisation en vol.
Le vol du 31 juillet a également donné lieu à des communications laissant entendre une tentative de record d’altitude. Toutefois, l’altitude maximale du U-2 étant classifiée, aucune confirmation n’a été donnée à ce sujet par l’US Air Force.
Un avion qui défie le temps et les tendances
Face à l’engouement mondial pour les drones et les avions sans pilote, la persistance du U-2 met en lumière l’importance des plateformes habitées hautement spécialisées. Malgré son ancienneté, le Dragon Lady combine fiabilité, adaptabilité et performance, des qualités qui font encore défaut à certaines alternatives modernes.



