À Nouakchott, les expulsions récentes de travailleurs étrangers bouleversent l’équilibre du secteur du bâtiment. Faute de main-d’œuvre locale acceptant les anciens niveaux de rémunération, les chantiers ralentissent ou s’interrompent.
Un vide laissé par les travailleurs maliens
Depuis le renvoi de nombreux travailleurs non régularisés, originaires pour la plupart du Mali, le secteur du bâtiment en Mauritanie fait face à un déficit inédit de main-d’œuvre. Ces ouvriers, rémunérés autour de 4 000 ouguiyas par mois, assuraient des tâches essentielles allant de la fabrication des briques aux opérations de finition. Or, les Mauritaniens, mis à contribution pour les remplacer, refusent de travailler aux mêmes conditions salariales. Cette différence d’acceptation provoque un déséquilibre brutal, accentué par la volonté des autorités de renforcer la sécurité aux frontières et de lutter contre l’immigration irrégulière.
Pénurie de matériaux et hausse des coûts
Ce manque de main-d’œuvre entraîne un ralentissement de la production de matériaux, notamment des briques, devenues rares et chères. Sur le terrain, les clients rapportent que les commandes nécessitent désormais de longs délais. « On attend, et quand ça arrive, les prix ont augmenté », témoigne Sidi Mohamed, cité par le360. Plusieurs entreprises songent désormais à importer une partie des matériaux, ce qui pourrait alourdir davantage les coûts à moyen terme.
Les chantiers à la recherche de solutions
Avec des ouvriers locaux peu enclins à accepter le niveau de rémunération auparavant pratiqué, de nombreux chantiers sont ralentis, suspendus, voire abandonnés. Les promoteurs peinent à maintenir la cadence des constructions, tandis que certains travaux de second œuvre restent inachevés faute de main-d’œuvre. Cette situation ouvre la porte à un futur débat sur l’ajustement des salaires dans le secteur.
Si la demande en logements et infrastructures se maintient, la capacité du marché à attirer de nouveaux ouvriers devient une question centrale. La construction, pilier économique en Mauritanie, est ainsi fragilisée par un déséquilibre salarial hérité des départs forcés.


