La décision du président Donald Trump d’imposer de nouvelles taxes douanières à partir du 7 août marque un tournant dans la politique commerciale américaine. Se disant déterminé à réduire le déficit extérieur des États-Unis, le chef de l’État républicain cible une série de pays accusés de pratiques jugées désavantageuses pour l’économie américaine. Le Maghreb, bien qu’en retrait médiatique dans cette confrontation, n’est pas épargné. Il adopte toutefois une attitude de réserve face à la pression de Washington.
L’Algérie opte pour l’apaisement
Parmi les premiers concernés dans la région, l’Algérie se retrouve exposée à une surtaxe de 30 % sur ses exportations vers les États-Unis. La mesure frappe des produits variés, allant du pétrole brut aux matériaux de construction, en passant par certains biens agricoles. Dans une correspondance adressée à Abdelmadjid Tebboune, Donald Trump a justifié cette décision par un déséquilibre commercial prolongé, évoquant également des barrières non tarifaires jugées pénalisantes pour les exportateurs américains.
Face à cette pression, Alger a choisi de ne pas engager de confrontation. Le président Tebboune, lors d’une intervention le 19 juillet, a souligné la nécessité de s’adapter au contexte mondial en encourageant les entreprises nationales à rehausser leur productivité pour rester compétitives sur les marchés extérieurs. Ce positionnement vise à préserver les discussions en cours avec plusieurs groupes américains, notamment dans le secteur énergétique, où l’exploitation des gisements non conventionnels est vue comme un levier stratégique de long terme.
Rabat temporise, Tunis et Tripoli évitent l’escalade
La Tunisie et la Libye, également impactées par les mesures américaines, ont adopté un profil discret. Leurs autorités misent sur une diplomatie silencieuse, dans un contexte où les marges de manœuvre économiques sont réduites. Plutôt que de réagir publiquement, les gouvernements privilégient une gestion prudente de la situation pour éviter de compromettre d’éventuels canaux de coopération bilatérale.
De son côté, le Maroc, moins sévèrement touché avec une taxe de 10 % sur certains produits, a choisi une approche fondée sur le dialogue. Les autorités marocaines tentent de contenir les effets de ces nouvelles barrières tout en poursuivant leur stratégie de développement vers d’autres marchés, notamment en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient.
Des stratégies divergentes dans le reste du monde
La réaction des autres partenaires commerciaux des États-Unis montre un paysage éclaté. Certains pays, comme le Canada ou la Suisse, ont choisi de contre-attaquer en instaurant à leur tour des mesures ciblant les produits américains. Le Brésil, confronté à une taxation jugée motivée par des raisons politiques, a également réagi, espérant ainsi influer sur les choix de Washington sans pour autant franchir le seuil d’une confrontation ouverte.
À l’inverse, le Japon et la Corée du Sud, deux économies fortement intégrées au commerce américain, ont engagé des discussions qui ont permis d’obtenir des ajustements temporaires sur certains produits sensibles. Quant à l’Union européenne, elle poursuit une ligne de négociation tout en préparant des mesures techniques de protection pour certains de ses secteurs stratégiques.
D’autres pays, notamment africains ou asiatiques, ont opté pour la réserve, préférant ne pas perturber un équilibre déjà fragile, en particulier dans les échanges Sud-Nord. Cette attitude s’aligne sur celle du Maghreb, qui refuse de s’engager dans une logique d’escalade.
Un affrontement sino-américain en toile de fond
Derrière cette recomposition des alliances commerciales, le bras de fer entre les États-Unis et la Chine reste central. Les récentes discussions menées à Stockholm n’ont pas permis de débloquer les tensions. Washington cherche à obtenir des concessions sur l’accès à son marché intérieur, tandis que Pékin insiste sur la levée des barrières technologiques imposées ces dernières années. L’issue de ces négociations influencera directement le climat commercial global.
Alors que les grandes puissances s’affrontent sur les règles du commerce international, les pays du Maghreb tentent de manœuvrer avec prudence. Leur choix de retenue pourrait s’avérer judicieux à moyen terme, à condition que le système multilatéral ne s’effondre pas sous la pression des rivalités croissantes.



