Le phénomène des « carnivore babies » circule de plus en plus sur les réseaux sociaux, porté par des vidéos virales et des témoignages de parents. Présenté par certains comme une alternative plus “naturelle”, ce régime uniquement carné appliqué aux nourrissons est jugé dangereux par les spécialistes, qui alertent sur des conséquences potentiellement graves pour la santé infantile.
Une pratique extrême relayée sur les plateformes numériques
Le principe est simple : supprimer totalement fruits, légumes et céréales au profit de viande, d’œufs, de bouillon d’os, de foie ou encore de beurre. Sur TikTok ou Instagram, des séquences montrent des bébés mordillant des morceaux de côte, léchant du beurre ou buvant du bouillon dans un biberon. Les parents qui adoptent cette approche affirment constater moins de coliques, davantage d’énergie ou une meilleure résistance aux infections.
Ces arguments trouvent un écho dans des groupes en ligne qui défendent une alimentation inspirée d’un mode de vie ancestral et rejettent les produits transformés. Certains influenceurs ou figures publiques adeptes de régimes carnivores chez l’adulte contribuent aussi à la visibilité de cette pratique. L’effet viral contribue ainsi à faire émerger un phénomène qui dépasse le cercle confidentiel des forums spécialisés.
Les avertissements clairs du corps médical
Pour les pédiatres et nutritionnistes, ce régime est fortement déconseillé. Les experts soulignent que les nourrissons privés de végétaux risquent des carences en vitamines C et E, nutriments essentiels au système immunitaire. L’absence de fibres compromet par ailleurs le développement du microbiote intestinal, crucial pour la digestion et l’immunité. Un apport excessif en protéines et graisses saturées peut en outre fragiliser reins et foie, et favoriser des complications métaboliques à long terme.
Les spécialistes rappellent que le lait maternel ou infantile doit rester l’aliment principal jusqu’à environ 6 mois. Ensuite, la diversification alimentaire doit introduire progressivement fruits, légumes, céréales et protéines variées. L’American Academy of Pediatrics insiste sur l’importance de cette variété, non seulement pour la croissance immédiate mais aussi pour prévenir des problèmes de santé futurs comme l’obésité, les maladies cardiovasculaires ou certaines déficiences immunitaires.
Plus largement, les autorités médicales mettent en garde contre l’influence des réseaux sociaux sur des pratiques parentales sensibles. Alors que des expériences individuelles sont présentées comme des “preuves” de réussite, elles ne remplacent pas des décennies de recherche scientifique et d’études cliniques. Les experts encouragent les parents à s’appuyer sur les recommandations officielles et à consulter des professionnels avant toute décision concernant l’alimentation des nourrissons.
Le contraste entre la popularité en ligne de ces vidéos et les avertissements répétés du monde médical illustre les enjeux actuels : un phénomène viral peut modifier les comportements parentaux, même lorsque la science met clairement en avant ses dangers. Pour les spécialistes, le constat reste ferme : un régime exclusivement carné pour les bébés constitue une pratique à haut risque et ne doit pas être encouragé.
