L’Algérie engage un virage décisif dans l’exploitation de ses ressources minières avec la signature d’un mémorandum d’entente entre Somiphos, filiale du groupe public Sonarem, et Fatima Fertilizers, entité industrielle du conglomérat privé Fatima Group du Pakistan. Ce partenariat vise à structurer une filière complète autour du phosphate, de l’extraction à la transformation, en passant par la commercialisation, avec pour objectif de générer une véritable valeur ajoutée locale.
De la matière brute à la chaîne de valeur
Le gisement de Bir El Ater, situé dans la wilaya de Tébessa et riche de plus de 850 millions de tonnes de réserves, constitue le cœur de ce projet. L’accord prévoit une première phase de commercialisation, suivie de l’introduction de technologies avancées pour l’enrichissement et la transformation du phosphate. À terme, une filière algérienne d’engrais phosphatés verra le jour, capable d’alimenter le marché local et de répondre à la demande internationale.
Ce modèle intégré s’inscrit dans la stratégie du pays visant à réduire l’exportation de matières premières non transformées, tout en renforçant les capacités industrielles nationales. Le projet s’ajoute aux initiatives déjà en cours, telles que celui de Bled El Hadba, porté par Sonarem et Sonatrach, qui prévoit une production annuelle de 10 millions de tonnes de phosphate, dont 6 millions seront transformées localement.
Une coopération technique et industrielle avec l’Asie
En s’alliant à Fatima Group, acteur reconnu du secteur chimique et minier en Asie du Sud, l’Algérie s’offre un partenaire expérimenté, présent notamment dans l’exploitation du phosphate, du cuivre et de l’or dans la région du Baloutchistan. Le groupe pakistanais apportera son expertise technique, ses procédés industriels et sa capacité d’investissement dans des unités de transformation minière.
Supervisée par Mohamed Arkab, ministre d’État en charge de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, cette coopération illustre l’élargissement des alliances économiques de l’Algérie vers des partenaires asiatiques à forte intensité technologique. Les deux groupes envisagent également d’étudier la faisabilité de nouveaux projets conjoints à destination des marchés tiers.
Un levier de transformation économique durable
Avec plus de 3 milliards de tonnes de réserves estimées, l’Algérie se classe parmi les dix premiers détenteurs mondiaux de phosphate. Pourtant, cette ressource stratégique est encore peu valorisée sur place. L’objectif du gouvernement est désormais de faire de cette richesse un pilier du développement économique, générant jusqu’à 6 milliards de dollars de revenus par an et soutenant la sécurité alimentaire en Algérie comme dans la région.
Ce partenariat répond aussi à une ambition de souveraineté industrielle, dans un secteur vital pour l’agriculture et les équilibres géostratégiques. En réduisant sa dépendance aux importations d’engrais et en renforçant ses capacités de production, le pays entend consolider sa position dans un marché en pleine expansion.
Une dynamique de coopération Sud–Sud renforcée
Au-delà de ses retombées économiques directes, cet accord symbolise une convergence d’intérêts entre Alger et Islamabad. Il ouvre la voie à un transfert de compétences, au développement de coentreprises et à une diversification des marchés. L’approche retenue, fondée sur une montée en gamme progressive, reflète une vision pragmatique d’un partenariat industriel durable.



