Lors de sa visite officielle au Brésil, le président Bola Tinubu a signé avec son homologue Lula da Silva une série d’accords dans l’énergie, l’aviation, le commerce et la finance. L’éventuel retour de Petrobras au Nigeria illustre un tournant des alliances Sud-Sud et pourrait redessiner le rôle du continent africain sur l’échiquier mondial.
Des accords qui ouvrent une nouvelle étape
Au cours de cette visite, le Nigeria et le Brésil ont scellé cinq protocoles d’accord (MoU) portant sur des domaines stratégiques : commerce, énergie, aviation, sciences et finance. Ces engagements reflètent une volonté commune de renforcer les échanges économiques et techniques entre les deux pays.
L’annonce la plus marquante reste celle du retour attendu de Petrobras au Nigeria, cinq ans après son retrait. Bola Tinubu a mis en avant les vastes réserves gazières de son pays, un argument de poids pour attirer de nouveau la compagnie brésilienne. De son côté, Lula da Silva a confirmé que le Brésil était prêt à agir rapidement pour concrétiser ce projet. Si Petrobras n’a pas encore communiqué officiellement sur le calendrier et les modalités, ce signal est perçu comme une avancée majeure pour la coopération énergétique.
Les accords incluent également l’installation d’un centre de maintenance Embraer au Nigeria, ainsi que l’ouverture d’une liaison aérienne Lagos–São Paulo opérée par Air Peace. Ces initiatives visent à renforcer la connectivité et à élargir les partenariats industriels entre les deux pays.
L’Afrique et la diplomatie Sud-Sud en mouvement
Ce rapprochement Nigeria–Brésil s’inscrit dans une dynamique plus large de coopérations Sud-Sud. L’Afrique, et en particulier le Nigeria, cherche à diversifier ses alliances au-delà des puissances traditionnelles. En multipliant les partenariats avec des acteurs émergents comme le Brésil, le continent affirme sa volonté de bâtir des relations équilibrées, fondées sur des intérêts communs plutôt que sur une logique de dépendance.
Des initiatives similaires se multiplient ailleurs : coopération entre l’Afrique du Sud et l’Inde, partenariats stratégiques entre l’Égypte et les Émirats arabes unis. Dans ce contexte, l’alliance Nigeria–Brésil prend une valeur symbolique forte : elle montre que l’Afrique ne se cantonne plus au schéma Nord–Sud, mais se positionne comme acteur central d’un nouvel ordre mondial.
L’avenir de ces accords dépendra de leur concrétisation sur le terrain. Mais ils traduisent déjà une orientation nouvelle : celle d’une Afrique qui construit son autonomie diplomatique et économique par des partenariats multiples et diversifiés. Une évolution qui, à terme, pourrait remodeler la place du continent dans la compétition internationale.


