Un audit mené récemment sur le patrimoine public a mis en lumière des irrégularités dans la gestion de plusieurs biens de l’État. Parmi elles, les baux emphytéotiques de 99 ans accordés à certains hauts fonctionnaires pour des villas de la Cité Fayçal ont été jugés contraires à la réglementation sénégalaise. Les loyers mensuels, oscillant entre 60 000 et 80 000 FCFA, ont été considérés comme largement en dessous de la valeur réelle de ces propriétés, construites dans les années 1990 par l’homme d’affaires El Hadji Djily Mbaye pour accueillir les délégations du Sommet de l’OCI. Face à ces constats, la SOGEPA a entrepris de reprendre ces biens, soit au terme des baux, soit lorsqu’ils apparaissaient juridiquement contestables.
De la résiliation à la suspension
En mars 2025, la SOGEPA a notifié à 52 familles d’anciens hauts responsables – anciens ministres, directeurs généraux, magistrats – la résiliation de leurs baux et leur a donné jusqu’en août pour quitter les lieux. Cette décision a provoqué une forte mobilisation des résidents, regroupés au sein de l’Association des Habitants de la Cité Fayçal. L’organisation a sollicité une audience auprès de la direction de la SOGEPA, saisi le président de la République et préparé un recours devant la Cour suprême.
Le 7 août 2025, la plus haute juridiction du pays a ordonné la suspension des résiliations pour une quarantaine de familles. Cette mesure gèle l’exécution des avis datés du 6 février ainsi que la décision de rejet des recours du 14 mars, offrant un répit juridique aux occupants et repoussant, au moins temporairement, le spectre des expulsions.
Une affaire aux implications politiques et sociales
Ce bras de fer dépasse la simple querelle contractuelle. Il soulève des questions sensibles sur la gestion du patrimoine de l’État, l’égalité d’accès au logement et la capacité des institutions à corriger des situations installées depuis plusieurs décennies. Pour les familles concernées, la décision de la Cour suprême représente un sursis précieux, mais aussi l’espoir de voir réévaluée la légitimité de leurs droits d’occupation.
Du côté de la SOGEPA, l’enjeu reste la récupération de biens stratégiquement situés et potentiellement réaffectables à d’autres usages publics ou projets immobiliers. Dans cette affaire où s’entremêlent mémoire historique, intérêts privés et exigences légales, le verdict final pourrait redéfinir la manière dont l’État gère et valorise son patrimoine foncier.



