Le 27 juillet dernier, une foule compacte s’est réunie à Ourrossogui pour clamer sa solidarité avec l’un de ses fils les plus influents. Banderoles, slogans et prières collectives ont accompagné cette marche de soutien à Farba Ngom, ancien député et ancien griot présidentiel, dont l’aura politique reste forte dans le nord du pays. Mais si le soutien populaire est visible, le soutien judiciaire, lui, se dérobe.
Face aux juges, la figure de l’ex-régime reste isolée. Malgré des pressions sociales et des tentatives procédurales, Farba Ngom ne quittera pas sa cellule de sitôt. La Chambre d’accusation financière vient de confirmer les décisions du juge d’instruction en charge du dossier, consolidant ainsi son maintien en détention. Les juges ont balayé une nouvelle fois les arguments présentés par la défense, comme cela avait déjà été le cas en avril, lorsque l’Agent judiciaire de l’État s’était opposé à sa remise en liberté sans même attendre la production de son dossier médical.
Une chaîne d’inculpations qui résiste à l’usure
Si une des charges les plus lourdes, celle liée à une supposée association de malfaiteurs en bande organisée, a récemment été annulée, cela n’allège que très partiellement le fardeau judiciaire de l’ancien parlementaire. Les chefs d’inculpation qui demeurent sont loin d’être symboliques : détournement de deniers publics, escroquerie sur des biens appartenant à l’État, blanchiment d’argent et soupçons d’enrichissement illicite. Autant d’accusations qui, si elles étaient confirmées en jugement, pourraient entraîner des peines particulièrement lourdes.
Le cas Ngom est emblématique d’une nouvelle ère judiciaire au Sénégal. Longtemps considéré comme un pilier de l’ancien régime, fidèle entre les fidèles de Macky Sall, il est aujourd’hui exposé à une justice financière plus intransigeante que par le passé. Sa détention prolongée en est un indicateur, tout comme l’irrecevabilité répétée des requêtes de sa défense. Le ton est donné : la présomption de puissance ne vaut plus immunité de procédure.
Une figure déchue ou un martyr politique ?
Au-delà du débat judiciaire, l’affaire suscite une lecture politique. Pour ses partisans, Farba Ngom serait victime d’un « règlement de comptes », ciblé pour sa proximité assumée avec l’ancien chef de l’État. Les manifestations populaires à Ourrossogui traduisent cette perception : « on veut le faire payer pour son engagement passé », martèle un habitant croisé lors de la marche.
Mais du côté de l’opinion publique nationale, les lignes bougent. Dans un contexte de plus en plus marqué par des attentes de transparence et de reddition de comptes, les grandes figures politiques sont désormais perçues comme redevables, y compris après leur sortie de scène. La notion d’impunité, souvent dénoncée sans suite, trouve avec le cas Ngom un contre-exemple bien réel.
Reste à savoir si les éléments à charge résisteront à l’épreuve du procès. En attendant, l’ex-député reste détenu, malgré les recours, malgré les soutiens, malgré les cautions médiatiques. Le juge, lui, ne semble pas prêt à fléchir.


