Les économies africaines subissent des pertes financières importantes, selon un rapport récent de l’Union africaine (UA). Chaque année, près de 88 milliards de dollars quittent le continent à travers des opérations financières illégales. Ces sorties de fonds résultent de plusieurs facteurs, allant de l’insuffisance des régulations locales à l’adoption de normes internationales mal adaptées. La guerre en Ukraine et d’autres tensions globales contribuent également à créer des circuits financiers opaques. Le défi majeur reste la capacité des États africains à coordonner leurs efforts et à renforcer le contrôle de leurs flux financiers.
Mécanismes et limites de la régulation africaine
Les transferts financiers illicites vers et depuis l’Afrique ont connu une augmentation de 76 % en dix ans, révèle le rapport de l’UA. Ces mouvements incluent l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et d’autres pratiques financières non déclarées. Plusieurs pays ont mis sur pied des services spécialisés, tels que les Unités de renseignement financier et les administrations fiscales dédiées à ces problématiques, mais leur efficacité est souvent limitée par un manque de coordination et une application insuffisante des lois existantes. Les standards internationaux, parfois inadaptés aux réalités africaines, compliquent également la régulation.
Pour répondre à ces défis, l’UA a développé des dispositifs de coopération continentale, comme une plateforme permettant l’échange d’informations entre États et le suivi des transactions suspectes. Des groupes de travail multinationaux conçoivent des outils adaptés aux besoins régionaux, mais l’impact reste limité en l’absence d’une harmonisation juridique et de moyens techniques suffisants. Les experts insistent sur le renforcement des capacités nationales et sur un partage d’informations plus systématique entre pays pour réduire efficacement les flux illégaux.
Implications économiques des flux illégaux
Les conséquences économiques des transferts financiers illégaux sont considérables. Les États africains perdent environ 88 milliards de dollars chaque année, un montant qui pourrait servir à financer des infrastructures, l’éducation, la santé ou le développement industriel. Ces pertes limitent la capacité des gouvernements à investir dans des projets de développement et accentuent la dépendance à l’aide internationale. Les entreprises opérant légalement sont également pénalisées par la concurrence déloyale, tandis que certains investisseurs étrangers restent prudents face à des marchés perçus comme risqués ou peu transparents.
Historiquement, malgré les législations nationales et les conventions internationales, ces flux persistent, soulignant le besoin d’une coopération continentale efficace. Améliorer les cadres réglementaires et les pratiques de conformité financière constitue un enjeu stratégique pour la croissance économique africaine.
Renforcement de la coopération et instruments continentaux
L’Union africaine a mis en place plusieurs initiatives pour encadrer les flux financiers illicites. La plateforme de coopération permet aux autorités nationales de partager des informations sur les mouvements suspects et de coordonner des réponses rapides. Des groupes de travail régionaux travaillent à l’élaboration de standards financiers adaptés à la réalité africaine. Certains pays renforcent également la surveillance et les audits internes pour détecter et prévenir les transferts irréguliers.
La guerre en Ukraine et d’autres tensions internationales ont favorisé des circuits financiers opaques, souvent via des intermédiaires ou des structures offshore, compliquant le contrôle. Les spécialistes de l’UA soulignent que sans une meilleure coordination régionale et un suivi rigoureux des réglementations, ces pertes continueront de grever les budgets publics. La mise en place de systèmes de transparence accrus, l’usage de technologies de suivi et le renforcement des compétences locales apparaissent comme des priorités pour limiter l’ampleur de ces flux.



