Depuis plus de soixante-dix ans, la bombe atomique exerce une étrange attraction sur les États. Symbole de suprématie militaire, elle incarne à la fois la puissance ultime et la menace la plus redoutée. Certaines nations l’ont conçue pour se protéger, d’autres pour renforcer leur statut international. Mais chaque tentative de rejoindre ce cercle très restreint se heurte à un dilemme : l’arme qui rassure par la dissuasion effraie aussi par ses conséquences. C’est dans cet équilibre fragile que la Suède voit aujourd’hui resurgir une question que l’on croyait enterrée.
Des voix qui réclament une réévaluation
Ces dernières semaines, le débat a refait surface dans l’espace politique et intellectuel suédois rapportent The Times. Plusieurs figures publiques estiment que l’évolution de la sécurité internationale impose d’ouvrir à nouveau le dossier nucléaire militaire. Le chef du parti des Démocrates de Suède, Jimmie Akesson, a été l’un des premiers à affirmer qu’il serait temps de reconsidérer les travaux entrepris autrefois, quand Stockholm avait discrètement exploré la voie atomique après la Seconde Guerre mondiale.
Un chercheur de l’Institut de recherche de la défense, Robert Dalsjö, va plus loin en appelant à réfléchir à une arme indépendante qui porterait une « empreinte suédoise ». À ses yeux, le pays devrait éviter de rester spectateur et envisager des options concrètes, malgré les obstacles évidents. Dans la même veine, l’eurodéputée Alice Teodorescu Mawe plaide pour que la Suède contribue à une stratégie nucléaire commune au niveau européen, afin de ne pas laisser cette question aux seuls États dotés.
Entre ambition et limites techniques
Pourtant, vouloir ne signifie pas pouvoir. Les experts rappellent que la Suède n’a pas bâti de nouveau réacteur nucléaire depuis quatre décennies, alors même que ses six centrales actuelles produisent un tiers de son électricité. Cette infrastructure civile témoigne d’un savoir-faire certain, mais la transformation en arsenal militaire nécessiterait des capacités industrielles et technologiques qui semblent aujourd’hui hors de portée sans assistance extérieure.
L’hypothèse d’une coopération avec une puissance déjà nucléaire paraît inévitable, ce qui réduirait l’autonomie tant recherchée. Le pays se retrouve ainsi dans une forme de paradoxe : il possède une expérience nucléaire civile respectable, mais ne dispose pas du tremplin suffisant pour franchir seul l’étape militaire. L’idée de relancer un programme reste donc plus une provocation politique et intellectuelle qu’une feuille de route opérationnelle.
Une question de symbole plus que de stratégie
Le retour de ce débat interroge moins sur la faisabilité immédiate que sur l’évolution du climat sécuritaire. Face aux tensions internationales et aux incertitudes en Europe, certains responsables veulent afficher une posture de fermeté, quitte à évoquer des scénarios irréalistes. L’arme nucléaire devient ici un symbole : celui d’un pays qui refuse de dépendre uniquement de ses alliances et qui veut montrer qu’il réfléchit à toutes les options, même les plus radicales.
Au fond, ce regain d’intérêt pour la bombe traduit davantage une inquiétude qu’un plan d’action. La Suède n’a pas lancé de programme, mais la réapparition d’un sujet abandonné depuis des décennies suffit à montrer combien la sécurité européenne est perçue comme fragile. Plus qu’un projet d’arsenal, c’est peut-être le reflet d’un besoin de certitudes dans un monde où elles se font rares.




Faudrait que ces députés fassent ce pourquoi ils ont été élus : s’attaquer aux vrais problèmes, comme le niveau intellectuel des élus par exemple !
« la Suède n’a pas bâti de nouveau réacteur nucléaire depuis quatre décennies »
On peut supposer que les ingénieurs qui les ont construits sont à la retraite ?