Douleur : qui résiste le mieux entre l'homme et la femme (étude)

L’idée selon laquelle les femmes supporteraient mieux la douleur que les hommes, en raison d’épreuves comme l’accouchement ou les règles, est largement répandue. Ce stéréotype, profondément ancré dans les représentations collectives, a influencé pendant des décennies les pratiques médicales et sociales en matière de gestion de la douleur.

Pourtant, une étude canadienne récente, menée par l’Université McGill, remet en cause cette croyance en analysant les mécanismes biologiques qui distinguent la perception de la douleur chronique selon le sexe.

Une étude menée pour mieux comprendre la douleur

Cette étude explore les fondements neurologiques et physiologiques de la douleur prolongée. En comparant les réactions d’hommes et de femmes, les scientifiques ont cherché à vérifier si les femmes étaient réellement plus endurantes ou si des différences structurelles dans leur système nerveux modulaient leur expérience, contredisant ainsi les idées reçues.

Pour évaluer ces hypothèses, les chercheurs ont soumis les 18 participants (9 hommes et 9 femmes, âgés de 20 à 33 ans) membres de ce panel à un test de douleur qui, nous vous rassurons, était parfaitement contrôlé. Premièrement, tous ont été immergé dans un bain d’eau glacé, six minutes durant.

Les chercheurs ont alors mesuré plusieurs éléments, dont l’activité du système nerveux sympathique, impliqué dans les réponses au stress et à la douleur, en enregistrant la fréquence cardiaque, la tension artérielle et l’activité musculaire sympathique (AMS). Parallèlement, les participants notaient leur niveau de douleur sur une échelle de 0 à 10.

Des réponses biologiques distinctes

Chez les hommes, la douleur s’accompagnait d’une hausse marquée de la fréquence cardiaque, tandis que chez les femmes, c’est l’AMS qui présentait une réactivité plus prononcée. Ces données suggèrent que le système nerveux sympathique fonctionne différemment selon le sexe face à une stimulation douloureuse prolongée.

Ces distinctions s’étendent aussi aux cellules immunitaires et aux nocicepteurs, les neurones transmettant les signaux douloureux. Les hormones sexuelles, dont l’influence s’accentue après la puberté, accentuent ces divergences, expliquant pourquoi certaines affections, comme les migraines, touchent davantage les femmes à l’âge adulte.

Implications pour la médecine

Plutôt que d’indiquer une meilleure résistance, ces observations montrent que les femmes traitent la douleur autrement, avec des répercussions sur des pathologies comme la spondylarthrite ankylosante, où elles présentent souvent des symptômes plus sévères. Les chercheurs peuvent en tirer plusieurs conclusions, à commencer par le fait de désormais pouvoir traiter la douleur, et ce, de manière différente selon le sexe du patient. Cette première phase d’étude doit toutefois être confirmée par des analyses à plus grande échelle, mais ouvre la voie à un accompagnement plus personnalisé selon les maux et la personne qui se trouve en face.

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