Entre Su-57 russe et F-35 américain, l’Inde en quête de sa voie stratégique

L’Inde cherche à franchir une nouvelle étape dans la modernisation de son aviation militaire. Confrontée aux ambitions aériennes de la Chine et au besoin de renouveler sa flotte vieillissante, New Delhi envisage l’acquisition d’avions de chasse de cinquième génération. Deux candidats dominent : le Su-57 russe et le F-35 américain. Mais le choix ne peut être dissocié du contexte diplomatique tendu entre Washington et New Delhi.

L’armée de l’air indienne souhaite renforcer ses capacités avec 40 à 60 appareils de nouvelle génération. La pression vient surtout de la Chine, qui aligne déjà le chasseur furtif Chengdu J-20, et du Pakistan qui modernise progressivement son aviation avec l’aide de Pékin.

À court terme, l’Inde veut combler un déficit capacitaire et soutenir son programme national AMCA (Advanced Medium Combat Aircraft), prévu pour entrer en service dans la prochaine décennie.

Le duel Su-57 / F-35

Deux appareils se distinguent dans les discussions indiennes :

Le Su-57 russe : Moscou propose à New Delhi un partenariat industriel incluant la production locale, possiblement avec Hindustan Aeronautics Limited (HAL). L’argument majeur est le transfert de technologies et l’intégration du projet dans l’initiative Make in India, ce qui renforcerait l’indépendance industrielle du pays.

Le F-35 américain : l’appareil développé par Lockheed Martin reste la référence internationale en matière de furtivité et d’interopérabilité avec les forces alliées. Il offrirait à l’Inde un rapprochement stratégique avec les États-Unis et leurs partenaires du Quad (États-Unis, Australie, Japon, Inde).

Chaque option comporte ses limites : le Su-57 est critiqué pour ses performances encore discutées et l’héritage du projet FGFA avorté ; le F-35 impose des coûts élevés et un transfert de technologie restreint.

Les tensions avec Washington changent la donne

La rivalité commerciale entre Donald Trump et Narendra Modi pèse sur ces choix stratégiques. La Maison-Blanche a récemment imposé des droits de douane cumulés de 50 % sur certains produits indiens, en réponse notamment aux importations de pétrole russe par l’Inde (Reuters). Selon des estimations officielles, cette mesure pourrait coûter jusqu’à 0,6 % de PIB à l’économie indienne.

En réaction, New Delhi a intensifié ses contacts avec Moscou et Pékin, comme l’a montré le dernier sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (Reuters).
Si Trump a ensuite adouci son discours en évoquant des « relations spéciales » avec l’Inde, les fluctuations de ton alimentent une certaine incertitude sur la fiabilité du partenariat stratégique américano-indien.

L’option russe en embuscade

Dans ce climat, la proposition russe pourrait apparaître plus attractive. La possibilité de produire le Su-57 directement en Inde, avec transfert de technologies, renforcerait l’autonomie de New Delhi et réduirait sa dépendance vis-à-vis de Washington.

Mais les obstacles demeurent : le souvenir de l’échec du programme FGFA en 2018 reste présent. À l’époque, l’Inde avait critiqué le manque de transparence sur les coûts et les doutes sur les performances furtives de l’appareil. Aujourd’hui encore, certains experts estiment que le Su-57 n’a pas atteint la maturité opérationnelle du F-35.

L’autonomie stratégique comme fil conducteur

Au-delà du duel entre Moscou et Washington, l’Inde veut surtout éviter une dépendance excessive à un seul partenaire. La stratégie nationale repose sur une double approche : acheter à l’étranger pour répondre aux besoins immédiats, tout en développant à moyen terme un chasseur indigène avec l’AMCA. Les tensions avec les États-Unis et l’offre russe de production locale illustrent ce dilemme : arbitrer entre coopération internationale et souveraineté technologique.

L’Inde se retrouve donc à un carrefour stratégique. Entre un F-35 synonyme d’alliance occidentale et un Su-57 qui ouvrirait la voie à une production locale, New Delhi doit composer avec un contexte diplomatique en recomposition. Le choix ne portera pas seulement sur un avion, mais sur l’orientation future de sa politique de défense et de ses partenariats internationaux.

4 réflexions au sujet de “Entre Su-57 russe et F-35 américain, l’Inde en quête de sa voie stratégique”

  1. Entre le SU-57 et le F-35, il n’y pas photo.
    V max, maniabilité, coût horaire … TOUT plaide pour le SU-57.
    Le seul atout du F-35, c’est qu’il est connecté … à plein de trucs : autres avions en vols, sations météo, QG, fabricant … Il émet et reçoit des tonnes d’infos. C’est intéressant pour les pays de l’OTAN mais quel intérêt pour l’Inde d’être connecté au Pentagone ?

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    • C’est pire que ça, en « coupant » les communications et en ne faisant pas les mises-à-jour des données, le gouvernement US peut clouer ces avions au sol.
      Un gros fer à repasser inutile !

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    • J’ai eu d’autres infos depuis. Il est avéré que les amerloques ont la capacité de clouer les F-35 au sol à distance. Ce qui en derait des fers à repasser hors de prix !

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