Dans le monde entier, la richesse s’accumule à un rythme sans précédent. Des dirigeants d’entreprises en Afrique aux milliardaires américains, en passant par les magnats chinois et européens, les patrimoines personnels ont atteint des niveaux historiques. Cette concentration extrême de richesses transforme profondément la société : certaines familles héritent de montants astronomiques, tandis que de nombreux ménages continuent de lutter pour boucler leurs fins de mois. La France n’échappe pas à cette tendance, où l’héritage joue désormais un rôle central dans le maintien des inégalités.
Un transfert de richesses inédit
L’étude « La Grande transmission« , menée par Théo Iberrakene, Alexandre Ouizille, et Boris Julien-Vauzelle montre un phénomène sans précédent : au cours des quinze prochaines années, les biens détenus par les Français âgés seront transmis à leurs descendants pour un montant dépassant 9 000 milliards d’euros. Cette redistribution massive risque de renforcer encore la concentration des fortunes. Aujourd’hui déjà, les 10 % des ménages les plus riches possèdent plus de la moitié du patrimoine national, et les 1 % les plus fortunés détiennent un quart des biens. Pour cette élite, l’héritage constitue désormais plus de la moitié de leur richesse totale, un doublement par rapport aux années 1970.
Les auteurs de l’étude alertent sur le risque d’une société où la naissance prédétermine largement le statut social. Ils suggèrent de mettre en place un impôt ciblé sur les transmissions importantes, afin de limiter l’impact des dynasties patrimoniales et préserver un minimum de mobilité sociale.
Concentration et conséquences sociales
Ce phénomène n’est pas uniquement statistique : il redéfinit le pouvoir économique et les opportunités disponibles pour les générations suivantes. Les héritiers des “baby-boomers”, ces Français nés après la Seconde Guerre mondiale recevront des patrimoines colossaux, accentuant l’écart avec les ménages modestes. Pendant ce temps, une partie de la population reste largement dépendante de ses revenus professionnels ou de prestations sociales, creusant le fossé entre les plus riches et les autres.
Cette situation pose des questions cruciales sur l’équité et le rôle du mérite dans la société. Sans ajustements fiscaux ou politiques visant à limiter cette concentration, la France pourrait voir se consolider un système où le poids des héritages prime sur l’effort individuel, et où quelques familles contrôlent une part disproportionnée des ressources du pays.


