L'Afrique reste en marge des vrais enjeux, selon Tebboune

Alors que les rapports de force mondiaux se redessinent, l’Afrique continue de subir plutôt que d’influencer. Lors de l’ouverture officielle de la quatrième édition du Salon du commerce intra-africain 2025, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a exprimé une inquiétude profonde : le continent reste spectateur des grands bouleversements économiques et politiques, quand il devrait en être un acteur incontournable.

Une influence mondiale sous-dimensionnée

Pour Tebboune, les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’Afrique ne détient que 6,5 % des droits de vote au FMI et à peine 11 % à la Banque mondiale, des pourcentages révélateurs d’une représentation symbolique dans les instances de décision économique. Plus frappant encore, le continent n’attire qu’environ 6 % des investissements directs étrangers (IDE), soit à peine 74 milliards de dollars. Dans un monde où l’économie guide la politique, ce déficit d’investissements limite la création d’emplois et freine l’essor d’une jeunesse de plus en plus nombreuse et connectée.

À cela s’ajoute un paradoxe : malgré une population de plus d’un milliard d’habitants et des ressources naturelles considérables, le commerce intra-africain ne dépasse pas 15 % des échanges totaux. À titre de comparaison, le commerce intra-européen atteint 60 %. L’Afrique, pourtant dotée d’un potentiel économique colossal, continue d’agir comme une mosaïque d’économies cloisonnées, incapables de tirer parti de leur complémentarité.

Une place à conquérir dans l’ordre mondial

Ces chiffres ne font que confirmer une réalité plus ancienne : l’Afrique peine depuis des décennies à s’imposer comme une force stratégique sur l’échiquier international. Malgré des sommets, des traités et des alliances successives, le continent reste souvent relégué aux marges des grandes décisions mondiales. Les pays africains assistent aux négociations sur la refonte des règles économiques internationales, mais peinent à peser sur leurs résultats.

Pourtant, les défis contemporains — du changement climatique aux tensions géopolitiques, en passant par la révolution numérique — nécessitent une voix africaine plus affirmée. Si le continent ne renforce pas rapidement ses capacités d’intégration et d’influence, il risque de voir ses priorités reléguées au second plan, ses ressources exploitées sans bénéfice local et ses populations exclues des dynamiques de croissance mondiale.

Dans ce contexte, le Salon du commerce intra-africain apparaît comme un révélateur des contradictions actuelles : un espace de réflexion sur l’intégration économique, mais aussi un miroir d’un continent encore trop fragmenté. Tebboune invite à transformer cette réalité en opportunité, en repensant les stratégies de coopération et en renforçant la voix collective des États africains.

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