Maghreb : une solution inédite pour préserver l’eau face à la sécheresse

Face à une sécheresse persistante depuis sept ans, le Maroc accélère ses initiatives pour protéger ses ressources hydriques. Après avoir misé sur des solutions innovantes comme la récolte de brouillard dans le sud du pays, le royaume expérimente désormais des panneaux solaires flottants afin de limiter l’évaporation des barrages et de produire de l’électricité verte. Ce projet pilote, lancé fin 2024 au barrage de Tanger Med, illustre l’évolution des stratégies pour préserver l’eau tout en soutenant la transition énergétique.

Une stratégie hybride pour préserver l’eau et produire de l’énergie

Le ministère de l’Équipement et de l’Eau a initié, fin 2024, l’installation de panneaux photovoltaïques flottants sur le réservoir du barrage de Tanger Med. L’objectif est double : générer de l’électricité et limiter l’évaporation de l’eau. Actuellement, 3 000 m³ d’eau s’évaporent quotidiennement en période normale, un chiffre qui grimpe à 7 000 m³ pendant la saison chaude. Grâce à la couverture partielle du plan d’eau, les experts visent une réduction d’environ 30 % de ces pertes.

Sur le bassin, plus de 400 plateformes flottantes sont déjà fixées à 44 mètres de profondeur. À terme, 22 000 unités photovoltaïques devraient recouvrir près de 10 hectares sur les 123 hectares du réservoir. La production attendue est d’environ 13 mégawatts, ce qui contribuera à alimenter le complexe portuaire de Tanger Med. Pour renforcer l’effet du dispositif, des plantations d’arbres sont prévues autour des berges, une mesure complémentaire pour réduire l’impact desséchant du vent.

Une transition vers des solutions durables et intégrées

Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large de gestion des ressources hydriques. Actuellement, le pays dispose d’une « autoroute de l’eau » reliant le bassin du Sebou à l’agglomération de Rabat sur 67 kilomètres. Cette infrastructure devrait être progressivement étendue afin d’interconnecter plusieurs barrages du nord au centre du pays.

Parallèlement, le Maroc poursuit le développement de techniques innovantes pour diversifier ses sources d’eau. Dans la région de l’Anti-Atlas, des filets de collecte de brouillard installés en altitude fournissent déjà une eau potable précieuse aux communautés locales. Ce type d’initiative illustre une approche intégrée, combinant énergies renouvelables et technologies sobres, pour répondre à la rareté croissante des ressources.

Deux nouveaux projets de panneaux solaires flottants verront bientôt le jour, l’un à Lalla Takerkoust, près de Marrakech, et l’autre sur le barrage d’Oued El Makhazine, l’un des plus vastes du pays. Cette diversification des solutions reflète une volonté de moderniser la gestion de l’eau tout en soutenant la transition énergétique.

Cette expérimentation, couplée à des approches innovantes comme la récolte de brouillard déployée dans le sud par l’organisation Dar Si Hmad, témoigne d’un changement de paradigme. Le pays combine désormais grands travaux d’infrastructure, solutions écologiques et innovations technologiques pour répondre à la raréfaction croissante des ressources hydriques.

Le Maroc poursuit ainsi sa transition énergétique et hydrique à travers des projets stratégiques, positionnant le royaume comme un acteur régional dans la lutte contre la sécheresse. Le projet de Tanger Med pourrait ainsi servir de modèle pour d’autres régions confrontées à l’épuisement progressif des ressources hydriques.

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