Une cinquantaine d’agriculteurs ont engagé une action en justice contre l’entreprise chinoise Sino-Metals Leach, accusée d’avoir provoqué un déversement toxique dans le nord de la Zambie en février dernier. Les plaignants affirment que l’incident a contaminé l’eau, endommagé leurs cultures et affecté leur santé. L’affaire soulève la question de la responsabilité des compagnies minières étrangères dans la gestion de l’environnement. Le gouvernement zambien a ordonné des mesures d’urgence pour limiter l’impact du déversement. L’enjeu majeur demeure la réparation des préjudices subis par les communautés rurales.
Des fermiers zambiens portent plainte après un déversement toxique
Une cinquantaine d’agriculteurs de Zambie ont saisi la justice contre Sino-Metals Leach (SML), filiale du groupe chinois China Nonferrous Mining Corporation. Ils accusent l’entreprise d’avoir provoqué un déversement de résidus miniers acides en février dernier, à la suite de la rupture d’une digue dans la province cuprifère. L’incident aurait contaminé des rivières connectées au fleuve Kafue, entraînant la mort de poissons, la destruction de cultures et des troubles de santé signalés par les habitants, tels que des irritations cutanées et des douleurs abdominales. Les plaignants réclament des compensations financières estimées à plusieurs centaines de millions de dollars.
La société chinoise rejette toute responsabilité et conteste l’ampleur des dégâts. Selon des sources locales, une société d’évaluation indépendante, Drizit, affirme toutefois que le volume de déchets toxiques libérés pourrait être bien supérieur aux chiffres officiels. Des organisations environnementales suivent de près l’évolution de cette affaire, qu’elles considèrent comme un test pour la capacité des autorités zambiennes à faire respecter les règles environnementales. Plusieurs experts estiment qu’un règlement judiciaire transparent sera crucial pour rétablir la confiance entre les communautés et les investisseurs étrangers.
Face à l’urgence, le gouvernement de Zambie a entrepris des mesures temporaires, telles que l’application de chaux dans le fleuve pour neutraliser l’acidité. Il a également exigé de l’entreprise qu’elle prenne en charge les opérations de dépollution et de remise en état. Cette situation a relancé le débat sur la gestion des résidus miniers et le contrôle exercé par l’État sur les exploitants étrangers. Elle met en lumière les fragilités des infrastructures minières et la difficulté à concilier développement économique et protection de l’environnement.
L’Afrique face aux controverses des grands groupes miniers
Depuis plusieurs décennies, des compagnies minières internationales sont régulièrement accusées en Afrique de causer des dommages environnementaux et sociaux. En République démocratique du Congo, au Ghana ou encore au Soudan, des litiges similaires ont opposé des communautés locales à des entreprises étrangères, souvent autour de la pollution des eaux, de la déforestation ou de l’expropriation des terres. Ces conflits révèlent la tension entre l’importance économique des ressources minières et la faiblesse de la régulation environnementale dans plusieurs pays producteurs.
En Zambie, deuxième producteur africain de cuivre, le secteur minier contribue largement au produit intérieur brut et à l’emploi, mais reste fréquemment critiqué pour ses impacts écologiques. Les incidents liés aux déchets toxiques rappellent l’enjeu crucial d’un contrôle public efficace, ainsi que la nécessité de normes plus strictes sur la gestion des résidus et le suivi sanitaire des populations exposées. Plusieurs organisations locales plaident pour que les bénéfices des activités minières incluent une meilleure protection des habitants et de leurs terres, ce qui pourrait faire l’objet d’accords renforcés avec les investisseurs.



