L’histoire de la coopération nucléaire entre Moscou et Téhéran remonte à plusieurs décennies. La Russie, forte de son expérience dans la conception et l’exploitation de réacteurs civils, a déjà participé à des projets en Iran, notamment à Bouchehr, première centrale nucléaire iranienne mise en service avec son appui. Cette relation technique et énergétique a survécu aux changements politiques et aux sanctions internationales. Le nouvel accord, annoncé le 26 septembre par les médias officiels iraniens, marque un approfondissement de cette collaboration stratégique.
Quatre réacteurs dans le sud de l’Iran
Selon les informations publiées par la télévision iranienne et l’agence IRNA, le contrat signé avec la société publique russe Rosatom prévoit la construction de quatre centrales nucléaires d’une capacité totale d’environ 5 000 mégawatts. Le site choisi est Sirik, dans la province côtière de Hormozgan, une zone qui souffre de fortes pressions sur le réseau électrique. Le projet doit couvrir près de 500 hectares, avec des réacteurs comparables aux unités modernes déjà déployées en Russie et exportées dans d’autres pays.
Ce partenariat a été formalisé entre Iran Hormoz Company, représentant l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran, et une filiale de Rosatom. L’annonce évoque une enveloppe globale d’environ 25 milliards de dollars, bien que le calendrier précis et les modalités financières restent à préciser. Les discussions techniques incluent également le développement de petits réacteurs modulaires (SMR), dont Moscou a récemment vanté la flexibilité pour les régions éloignées ou à forte croissance démographique.
Un choix aux implications énergétiques et diplomatiques
Pour l’Iran, ces installations visent à diversifier la production d’électricité dans un pays encore très dépendant du gaz naturel et du pétrole. Face à cette demande croissante et de sécheresses affectant l’hydroélectricité, les autorités présentent l’énergie nucléaire comme une alternative stable et indépendante des fluctuations des prix des combustibles fossiles.
Pour la Russie, il s’agit d’étendre son empreinte technologique et industrielle au-delà de ses marchés traditionnels. Ce type de coopération crée des relations de long terme : la construction, l’entretien et l’approvisionnement en combustible nucléaire engagent les deux pays pour plusieurs décennies. Certains analystes comparent ces accords à la construction d’un « corridor énergétique » qui renforce les interdépendances régionales.
Si le projet attire l’attention pour ses aspects économiques et techniques, il soulève aussi des interrogations sur la régulation internationale et le rôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Les autorités iraniennes assurent que les activités resteront limitées à des usages civils, tandis que plusieurs observateurs surveilleront de près le respect des normes de sûreté et des engagements pris dans le cadre du traité de non-prolifération.


