Le fleuve, souvent perçu comme une artère vitale reliant les villages isolés du nord-ouest de la République démocratique du Congo, s’est transformé en théâtre de drames successifs. En quelques jours, deux embarcations surchargées ont chaviré dans la province de l’Équateur, provoquant la mort de plus de 100 personnes, selon les premières estimations des autorités locales.
Des bateaux bondés, une sécurité absente
Le premier naufrage a été signalé près de Basankusu, où une pirogue motorisée transportant de nombreux élèves a sombré, causant au moins 86 décès. Le second drame est survenu plus en aval, dans le territoire de Lukolela, avec un nombre encore indéterminé de victimes, malgré plus de deux cents survivants recensés. Ces accidents, liés à la surcharge chronique des embarcations, rappellent la vulnérabilité des populations qui dépendent de ces moyens de transport pour rejoindre marchés, écoles ou services de santé. Comme une route saturée où chaque véhicule roule au-delà de ses limites, le trafic fluvial multiplie les risques dès que les consignes de sécurité sont ignorées.
Un pays confronté à des défis multiples
Ces tragédies récentes ne font qu’exposer une réalité plus large : la RDC doit faire face à une succession de crises qui mettent à l’épreuve ses infrastructures et sa gouvernance. Entre les violences persistantes à l’est, les tensions politiques et les difficultés économiques, les questions de sécurité civile restent souvent reléguées au second plan. Les accidents fluviaux récurrents rappellent qu’au-delà des conflits armés et des enjeux institutionnels, le quotidien des habitants est aussi marqué par des dangers plus silencieux, mais tout aussi destructeurs. Les familles touchées par ces naufrages paient le prix de cette fragilité structurelle, qui se traduit par un manque de moyens de secours adaptés et une réglementation rarement appliquée.
Les autorités, par la voix de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, ont promis des enquêtes et une assistance aux victimes. Mais pour la population riveraine, ces annonces devront s’accompagner de mesures concrètes afin d’éviter que les rivières, censées être un lien de survie, ne se transforment encore en pièges mortels. Les prochains jours permettront de savoir si la promesse de renforcer la sécurité fluviale restera un vœu pieux ou le début d’un changement tangible.



