Le départ de Madiambal Diagne vers la France, malgré une interdiction judiciaire de quitter le territoire, provoque une onde de choc sécuritaire. Le ministère de l’Intérieur a annoncé la suspension, à titre conservatoire, de deux hauts responsables de la Police nationale. Un mandat d’arrêt international a été délivré contre le journaliste, alors que plusieurs membres de sa famille ont été interpellés à Dakar. L’affaire repose sur des soupçons de flux financiers suspects évalués à 21 milliards de francs CFA, selon un rapport de la Centif.
Des sanctions immédiates après la sortie du territoire
Le communiqué officiel du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique publié le 26 septembre précise que l’ancien directeur de la Division des Investigations Criminelles (DIC) et le commissaire spécial de l’Aéroport international Blaise Diagne ont été relevés de leurs fonctions. Cette mesure conservatoire vise à établir les responsabilités dans la manière dont Madiambal Diagne a pu franchir les contrôles dans la nuit du 23 au 24 septembre, malgré les instructions de blocage transmises à tous les échelons. L’enquête interne devra déterminer si des manquements ou complicités sont en cause, avec la perspective de sanctions supplémentaires en cas de confirmation.
Dans le même communiqué, le ministère indique avoir reçu notification d’un mandat d’arrêt international émis par le collège des juges d’instruction du pool judiciaire financier. Cette décision marque une étape judiciaire importante alors que l’intéressé, via son compte Twitter, a reconnu se trouver en France et a annoncé son intention de « revenir dans quelques jours » pour répondre à la justice. Les conditions précises de sa sortie du pays restent à éclaircir et alimentent de nombreuses interrogations sur le dispositif de contrôle en place.
Un journaliste au cœur des controverses judiciaires
Personnalité connue du paysage médiatique, Madiambal Diagne est le fondateur du groupe Avenir Communication, éditeur du quotidien « Le Quotidien ». Chroniqueur influent, il s’est régulièrement illustré par des prises de position critiques à l’égard des autorités, ce qui l’a conduit à plusieurs confrontations judiciaires au fil des derniers mois. Son implication dans ce nouveau dossier, basé sur le rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), ajoute une dimension politique et médiatique à une affaire déjà sensible. Ce rapport fait état de mouvements financiers jugés atypiques, estimés à 21 milliards de francs CFA, ce qui a conduit à l’ouverture d’une information judiciaire et à l’interpellation de deux de ses fils ainsi que de son épouse à Dakar.
Au-delà de son cas personnel, l’affaire interroge sur la fiabilité des dispositifs de surveillance aux frontières et sur la capacité de l’État à faire respecter les décisions judiciaires. Plusieurs observateurs estiment que cette défaillance pourrait peser sur la crédibilité des institutions sécuritaires, notamment en matière de coopération internationale. Des comparaisons sont déjà faites avec d’autres précédents où des personnalités poursuivies avaient réussi à quitter le territoire, soulevant des débats sur l’efficacité des contrôles.
Le ministère a rappelé son attachement au respect de la présomption d’innocence, tout en affirmant sa volonté de tirer toutes les conséquences des manquements constatés.



