La coopération militaire entre le Maroc et la France franchit un nouveau palier. Paris a soumis à Rabat une offre comprenant la fourniture de sous-marins et la construction d’un chantier naval clé en main à Casablanca. Ce projet, encore en phase d’évaluation, intervient alors que la marine marocaine cherche à renforcer ses capacités face aux évolutions régionales. La compétition entre industriels européens et le rapprochement diplomatique entre Rabat et Paris donnent à ce dossier une dimension particulière. L’enjeu touche à la fois la sécurité maritime et les équilibres géopolitiques.
Une offre française à forte portée navale
Le constructeur français Naval Group aurait proposé la livraison de sous-marins de classe Scorpène, assortie d’un transfert de compétences destiné à associer les acteurs industriels marocains. Le projet inclurait également la création d’un chantier naval moderne à Casablanca, capable d’assurer l’entretien et, à terme, une part de la construction. Cette approche viserait à donner au Maroc plus d’autonomie dans la gestion de ses équipements militaires.
La marine marocaine n’ayant jamais disposé de sous-marins, l’acquisition de deux unités constituerait une étape importante. Elle permettrait de combler un retard stratégique dans un environnement régional où d’autres marines disposent déjà de ce type de capacités. Des analystes estiment que cette évolution offrirait de nouvelles options en matière de surveillance maritime et de dissuasion. Cependant, plusieurs experts soulignent les défis techniques et financiers liés à une telle modernisation. Ce dossier continue de susciter l’intérêt de la presse spécialisée, qui suit de près l’évolution des discussions.
Un contexte diplomatique renouvelé
Ce projet militaire ne peut être dissocié des évolutions politiques récentes. Le 30 juillet 2024, le président Emmanuel Macron a adressé une lettre au roi Mohammed VI pour reconnaître officiellement le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 concernant le Sahara occidental. Cette position française, qualifiée de soutien clair, a marqué un tournant dans les relations bilatérales et a ouvert une nouvelle séquence de coopération. Depuis cette date, plusieurs échanges diplomatiques ont consolidé le rapprochement entre les deux capitales.
Cette dynamique se déploie alors que les relations entre Paris et l’Algérie connaissent des tensions persistantes. La rivalité stratégique entre Rabat et Alger, alimentée notamment par la question du Sahara, se reflète aussi dans le domaine militaire. Pour certains observateurs, l’offre française pourrait contribuer à rééquilibrer les rapports de force régionaux. L’enjeu dépasse donc le cadre technique pour s’inscrire dans une lecture géopolitique plus large. À ce stade, Rabat n’a pas encore communiqué de décision définitive. L’offre française reste en concurrence avec celle de l’allemand TKMS, également intéressé par la fourniture de sous-marins au Maroc.



