Afrique : l’UE veut contrer la Chine avec « Global Gateway »

Depuis une décennie, le continent africain est devenu un espace d’affrontement économique où les grandes puissances rivalisent d’influence. La Chine, les États-Unis, la Russie et désormais l’Union européenne y multiplient les initiatives, conscientes du potentiel de croissance et de la richesse en ressources naturelles de l’Afrique. Cette compétition, longtemps perçue comme un jeu d’équilibre entre donateurs et partenaires, s’oriente aujourd’hui vers une bataille d’influence plus ouverte, où l’Europe cherche à préserver sa place historique face à la progression rapide de Pékin.

L’Europe veut reprendre la main

À Bruxelles, les 9 et 10 octobre 2025, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dressé un bilan ambitieux du programme Global Gateway, destiné à financer des projets stratégiques sur le continent africain. Selon elle, la politique protectrice américaine (sans la nommer) est désormais un instrument géopolitique. Elle a également dénoncé, selon RFI, les « investissements étrangers insoutenables » ayant conduit plusieurs pays à s’endetter lourdement, une petite pique contre le nouveau partenaire du continent : la Chine.

Avec Global Gateway, l’Union européenne veut proposer une alternative fondée sur la transparence, la durabilité et la souveraineté des partenaires. L’initiative, qui visait initialement 300 milliards d’euros pour la période 2021-2027, atteint désormais 400 milliards. Parmi les projets déjà en cours, le Corridor de Lobito, reliant la Zambie à l’océan Atlantique via la RDC et l’Angola, symbolise cette volonté européenne d’appuyer des infrastructures africaines tout en garantissant un accès équitable aux ressources.

Un nouvel équilibre mondial en construction

Face à la multiplication des partenariats sino-africains et à la diversification des alliances, l’Occident semble perdre de son influence sur le continent. L’Afrique, longtemps considérée comme dépendante de l’aide extérieure, affirme de plus en plus sa souveraineté économique et politique. Les pays africains ne se positionnent plus uniquement comme des bénéficiaires mais comme des acteurs capables de négocier, de choisir leurs partenaires et d’imposer leurs priorités.

Cette évolution traduit un changement profond des rapports de force. Les États africains, soutenus par la montée de nouvelles institutions régionales et par une démographie dynamique, entendent désormais peser davantage dans les décisions économiques mondiales. L’initiative Global Gateway représente cette phase de réajustement : elle est pour l’Europe une tentative de relancer une coopération plus équilibrée, où les pays africains participent activement à la définition des projets.

À l’avenir, le succès de cette stratégie dépendra de la capacité de l’Union européenne à offrir des partenariats réellement mutuellement bénéfiques, dans un environnement où l’Afrique ne cherche plus un modèle à suivre, mais des leviers pour bâtir le sien.

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